Ces granulés qui vous intriguent…
J’avais à peine 18 ans lorsque je fus invité chez des amis alsaciens pour une traversée des Vosges en vélo.
N’étant pas habitué à ce genre d’exercice, j’en revins avec des douleurs « mal placées » qui ont vite évolué en furoncles [1]. Au lieu de se précipiter sur les antibiotiques, la mère de mes amis sortit de ses tiroirs une boîte mystérieuse. C’était en fait une boîte à chaussures où se trouvaient des dizaines de petits tubes cylindriques contenant tous des petites billes blanches et identiques [2]. J’étais d’autant plus intrigué qu’ils portaient tous des inscriptions mystérieuses en latin avec des numéros bizarres qui se terminaient toujours par l’inscription en lettres capitales : CH.
Je venais de découvrir l’homéopathie et j’en mesurais rapidement les effets puisque l’infection ne tarda pas à guérir avec deux ou trois prises quotidiennes parmi ces tubes, aidées de quelques compresses de désinfectant.
Il m’a aidé à ne pas me dégoûter de la médecine
En faculté, dans les années 70, après les événements que vous connaissez, ma foi en la médecine commençait à vaciller. Si je n’avais pas rencontré le Dr O.A. Julian, célèbre homéopathe qui me prit en sympathie, j’aurais certainement changé de voie.
Ce médecin était fascinant. Non seulement il jonglait avec des cocktails de remèdes bizarres, mais également avec des plantes, des dilutions d’organes, et en plus il ne détestait pas faire craquer les vertèbres de ses patients.
Il avait en plus une autre qualité : il les écoutait.
Parfois, après les avoir écoutés un moment, il les brusquait un peu tel un père de famille compatissant mais autoritaire.
De mon côté, je l’observais et j’écoutais ses patients. Beaucoup ne cachaient pas leur satisfaction.
Bref, c’est ainsi qu’en parallèle de mes études « officielles » de médecine, j’ai eu la chance d’apprendre les rudiments de l’homéopathie. Le Dr Julian préférait appeler cela « l’homéothérapie ».
Homéothérapie ou thérapie par les semblables
Aujourd’hui, plus personne ne vous regarde avec des yeux ronds quand vous dites que vous vous soignez par l’homéopathie. Mais quand j’étais étudiant en médecine, c’était encore quelque chose d’assez méconnu.
L’histoire de l’homéopathie commence dans les années 1780 avec un médecin allemand, Samuel Hahnemann, le fondateur officiel de cette discipline. Révolté par les effets néfastes et toxiques des médicaments de l’époque comme le mercure ou l’arsenic, il décide rapidement d’abandonner la médecine pour se consacrer à la traduction d’ouvrages médicaux.
C’est en traduisant un livre de William Cullen [3] qu’il découvre que le quinquina, utilisé pour combattre les fièvres et la malaria, peut provoquer une fièvre semblable à celle de la maladie s’il est administré trop longtemps.
Curieux et désireux de vérifier ce qu’il a lu, il décide de tester le quinquina sur lui-même. Que se passe-t-il alors ? Il développe des symptômes semblables. Il poursuit ses vérifications en essayant chez quelques proches.
C’est comme cela qu’il en arrive à la formulation du « principe de similitude » [4] :
Il poursuit ses travaux. Après avoir étudié diverses substances sur des sujets sains, il les dilue de façon considérable pour diminuer au maximum leur toxicité. Il administre ensuite ces dilutions chez des personnes malades. Ces dilutions soulagent des symptômes semblables aux effets qu’avaient provoqués ces substances chez le sujet sain.
L’homéopathie était née…
Elle repose sur trois piliers que je vais vous expliquer : la pathogénésie, la loi de similitude, et la notion d’infinitésimalité.
La pathogénésie, c’est la méthode qu’a employée Hahnemann quand il a étudié certaines substances chez le sujet sain, puis chez le sujet malade. Lui et ses collaborateurs ont ainsi étudié environ 1200 substances différentes : parmi lesquelles on trouve des plantes, comme la belladone ou l’arnica, mais aussi des substances minérales toxiques comme le mercure, le plomb ou l’arsenic. On nomme ce type d’expérimentation une pathogénésie [6].
Le Dr Julian demandait à certains de ses étudiants de servir d’expérimentateurs volontaires ! Je l’ai souvent fait… On avait la surprise de découvrir, sur nous-mêmes et en nous-mêmes, des symptômes semblables à ceux pour lesquels ces molécules étaient prescrites à l’hôpital. Nous expérimentions ce que l’on appelle en homéopathie la loi de similitude [7].
Il s’avère que ce ne sont pas toujours les dilutions les plus basses qui créent des symptômes significatifs [8]. Parfois les dilutions sont tellement importantes que la substance initiale n’est même plus détectable au plan moléculaire. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’homéopathie est parfois autant critiquée [9].
Les vrais débuts de l’ homéopathie
En 1810, Hahnemann publie la première édition de « L’Organon, de l’art rationnel de guérir » qui sera plusieurs fois mis à jour par l’auteur lui-même.
À Londres, le premier dispensaire homéopathique ouvre en 1849.
En France aussi, la discipline s’enracine. Le Dr Léon Vannier lance en 1912 La Revue de l’homéopathie française [10].
Le médicament homéopathique : comment fonctionne-t-il ?
En homéopathie, le médicament est donc dilué mais aussi dynamisé, c’est-à-dire secoué à chaque dilution pour améliorer la dispersion et l’efficacité du remède.
Les dilutions sont exprimées de deux façons.
La plupart sont exprimées en « CH » (centésimales hahnemaniennes). À chaque « CH » correspond un centième de dilution. C’est donc un centième de la solution mère pour 1 CH, jusqu’à 30 CH (1 précédé de 30 zéros) dernière dilution disponible en France [11].
Un autre type de dilution est utilisé : les dilutions korsakoviennes [12], plus efficaces pour certains, sont moins utilisées en France. Chaque étape est signalée par 1 K, donc 2 K, 3 K pour une, deux ou trois manipulations. Elles consistent à toujours utiliser le même flacon, à le dynamiser 100 fois, à jeter le contenu et le remplir à nouveau. On répète le processus « à l’infini ». En France elles sont autorisées jusqu’à 100 000 K.
Traiter des malades plutôt que des maladies
Lorsqu’on étudie les fameuses pathogénésies, on s’aperçoit très vite que chaque maladie peut avoir une expression, une forme, une situation ou des modalités [13] qui sont spécifiques à chacun de nous. Tel ou tel d’entre nous aura plutôt mal à la tête, le matin ou le soir, à droite ou à gauche, en continu ou en à-coups, etc.
Chaque malade est donc unique.
Un bon homéopathe proposera donc un remède qui s’applique à la fois à la maladie et à ses modalités. Pour cela il se fera aider d’un répertoire. Le plus célèbre d’entre eux est le répertoire de Kent qui, aujourd’hui informatisé, permet de recenser les remèdes, leurs modalités et de les hiérarchiser pour tenter d’arriver au remède unique (le similimum) qui couvre au mieux les symptômes et leurs modalités.
En réalité cette forme idéale d’homéopathie que l’on appelle homéopathie « uniciste » est peu pratiquée, en tous cas en France. Car même avec l’aide des répertoires et de l’informatique, elle demande beaucoup de temps et d’expérience.
L’homéopathie couramment pratiquée par les médecins français (environ 30 %) et par les patients eux-mêmes, en automédication, ne tient pas toujours compte du détail de toutes ces modalités.
En général, cette homéopathie « idéale » n’est pas essentielle pour soigner des maladies courantes comme certaines douleurs, des infections, la grippe, les allergies, les démangeaisons, les hémorroïdes, les états de fatigue, le stress, l’anxiété…
Les basses dilutions utilisées en combinaisons complémentaires et harmonieuses, associant plusieurs remèdes dans un même flacon, permettent souvent une utilisation plus facile de l’homéopathie.
L’homéopathie en avance sur son temps pour le traitement des maladies chroniques ?
Hahnemann, qui avait réussi à améliorer des maladies aigües et leurs symptômes comme les douleurs, les fièvres, les allergies… avait achoppé sur le traitement des maladies chroniques. Lui-même, son école et ses successeurs en vinrent à définir des types sensibles : ce sont les constitutions et les diathèses.
Presque deux cents ans avant la découverte de la génétique moderne, ils observaient que certaines catégories de personnes réagissent d’une façon très particulière à la maladie et au traitement. Ils avaient remarqué que ces personnes n’avaient ni les mêmes réactions, ni les mêmes évolutions et ne nécessitaient donc pas les mêmes traitements.
Si vous vous êtes déjà intéressé de près ou de loin à l’homéopathie, vous avez probablement déjà entendu parler de la notion de « terrain ».
Cette notion de terrain spécifique se décline en plusieurs catégories : les constitutions et les diathèses.
Le Dr Antoine Nebel évoqua trois types de constitutions différentes [14] :
- Le carbonique : bréviligne, trapu, ordonné
- Le phosphorique : longiligne, souple, sensible, nerveux, fatigable
- Le fluorique : asymétrique, mince, hyperlaxe, instable, désordonné
Une quatrième fut ajoutée plus tard : la constitution sulfurique qui est définie comme une forme d’équilibre entre les trois constitutions.
Les diathèses, elles, définissent plutôt la manière dont un malade réagit. Elles sont au nombre de quatre :
- La psore : maladie évoluant par poussées qui améliorent le malade (eczémas), des éliminations qui soulagent (transpiration). Dans ce cas, il est important que le traitement ne soit surtout pas contrarié mais favorisé (le respect de la fièvre ou de la transpiration, jusqu’à un certain point, en sont deux exemples).
- Le tuberculinisme qui dénote une fragilité aux infections ORL et respiratoires, une tendance à la déminéralisation, une hypersensibilité neuropsychique et émotionnelle, une fatigabilité, des troubles vasculaires et capillaires tournent à la chronicité.
- La sycose qui se manifeste par une forme d’empâtement de l’organisme qui cherche à éliminer en cas de surcharge thérapeutique ou vaccinale et qui voit apparaître sur la peau verrues, lipomes, condylomes ou, dans le psychisme, des idées fixes.
- La luèse qui se caractérise par des atteintes inflammatoires chroniques cutanées (ulcères), vasculaires (athérosclérose, hypertension chronique, anévrismes), des processus tissulaires sclérogènes (douleurs osseuses), des transpirations qui n’améliorent pas (contrairement à la psore) et une instabilité émotionnelle qui s’exprime par des obsessions (TOC), des peurs irraisonnées (phobies), des insomnies avec agitation.
Chez une même personne, les enchevêtrements de constitutions et de diathèses évoluent avec l’âge et les modifications de l’environnement (nutrition, pollution, traitements allopathiques [15], vaccins…). Cela contribue à former des cohortes particulières de patients, des « terrains particuliers » que certains remèdes, pris de façon espacée en dilutions moyenne ou hautes, permettront de mieux équilibrer.
Pour les constitutions ce sera, par exemple :
- Calcarea carbonica pour le carbonique
- Phosphorus pour le tuberculinique
- Calcarea fluorica pour le fluorique
Et pour les diathèses :
- Psorinum (pour la psore)
- Tuberculinum, silicea ou pulsatilla pour le tuberculinique
- Thuya ou Medorrhinum pour le sycotique
- et enfin Luesinum ou Mercurius solubilis pour le luétique.
Seule la compréhension de ces terrains, diathèse et constitution, permet de traiter des maladies chroniques et dormantes comme l‘herpès par exemple.
Pour cela, on utilisera des hautes dilutions prises par exemple tous les 15 jours de remèdes symptomatiques comme « Rhus Tox » et de remèdes de terrains comme « Vaccinotoxinum » en haute dilution (15 ou 30 CH), prises 1 fois tous les 15 jours.
Dans une prochaine lettre, je vous parlerai plus en détail de ce que l’on peut soigner avec l’homéopathie.
A très bientôt, et n’oubliez pas de surveiller votre messagerie !
Dr Dominique Rueff
EFFECTIVEMENT LES PLACEBOS CA MARCHE MDR
Les placebos sont tellement efficaces! ça fait des années que j’en prends: fini les grippes, rhumatismes, cancers, VIH etc….Je plains vraiment tous ceux qui perdent leur temps et leur argent à se soigner autrement, alors que les placebos font tant de miracles!
Petit problème: j’en suis mort. Comme beaucoup d’autres.
De rire,
Bien sûr.
Pourriez-vous m’expliquer comment et pourquoi les animaux réagissent très bien à l’homéopathie ? Que ce soit des poules, des chats, des chiens et….; des chevaux…..
Dieu merci, il n’y a pas que des sots sur terre. Le gros problème des Français est qu’ils se sentent supérieurs aux autres…… l’ouverture et l’honnêteté d’esprit ne sont pas inscrits dans leurs gênes…. hélas
Comment ose-t-on supposer que des médecins Chinois, Russes, Nordiques ne sont pas compétents ? En vertu de quoi seuls les médecins français à la botte des laboratoires sont-ils les meilleurs du monde ?
[…] une lettre de juillet 2015, j’avais expliqué comment le docteur Julian m’avait aidé à ne pas abandonner la médecine. […]