Des fraises, encore des fraises ! Connaissez-vous la fisétine ?
Chère amie, cher ami,
Il y a bien longtemps que j’attire votre attention sur l’intérêt fondamental, pour la santé, d’une consommation régulière de fruits rouges et en particulier de fraises :
– Une lettre, un coup de rouge au petit déjeuner[1], le 26 juin 2017 ;
– Un article sur mon site personnel[2], le 8 août 2017 ;
– Une seconde lettre, le secret des fruits rouges[3], le 11 novembre 2019.
Pourquoi les fraises ?
Parmi tous les fruits rouges, ce sont elles qui apportent le plus de fisétine : 625 g de fraises correspondent à 100 milligrammes de fisétine (160µg de fisétine par gramme). Par comparaison, les pommes en apportent 6 fois moins, les kakis, les raisins et les kiwis encore moins.
Qu’est-ce que la fisétine ?
La fisétine, comme la quercétine,[4] est un flavonoïde (3,3′,4′,7-tétrahydroxyflavone) dont les apports alimentaires moyens sont très faibles, de l’ordre de 0,4 mg/jour. C’est un antioxydant[5], anti-inflammatoire et anti-glycation[6].
Antioxydante : la fisétine semble protéger tout particulièrement le tissu cérébral du stress oxydatif, en modulant l’activité d’enzymes antioxydantes[7] et le taux de glutathion intracellulaire. Elle pourrait également protéger les cellules épithéliales pulmonaires, notamment contre la fumée de tabac[8], et diminuer l’oxydation des LDL cholestérol in vitro[9], d’où ses possibles propriétés cardioprotectrices.
Anti-inflammatoire : elle inhiberait le TNF-alpha et les COX-2[10], ce qui diminue la production de prostaglandines PGE2 inflammatoires[11]. Elle permettrait aussi de faire baisser un marqueur de l’inflammation, la CRP, après un AVC ischémique[12], et donc de conduire vers une amélioration de l’état de santé.
Anti-glycation (ou plus simplement « anti-caramélisation ») des protéines au niveau du sang, des reins et du cerveau : elle pourrait ainsi réduire les complications vasculaires du diabète[13].
La fisétine est également un neuroprotecteur
Comme la PQQ[14] et les autres nutriments que nous avons vus dans la lettre sur la neuro-inflammation[15], elle améliore les capacités cognitives : une récente méta-analyse a mis en évidence ses bénéfices en cas de maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer[16], Parkinson, la maladie de Charcot, de Huntington, les suites d’AVC ou de lésions cérébrales traumatiques et le déclin cognitif lié à l’âge[17].
Elle agirait aussi favorablement sur la mémoire à long terme et pourrait jouer un rôle antidépresseur en régulant les taux de sérotonine et de noradrénaline[18].
Surtout, la fisétine active l’autophagie, c’est-à-dire l’autonettoyage des cellules[19]. Ce mécanisme permet de dégrader/recycler une partie du contenu du cytoplasme des cellules devenu encombrant voire dangereux : protéines et cellules sénescentes, déchets toxiques, virus et bactéries résistants (salmonelle, listeria, shigella…) et tous les composants cellulaires morts ou endommagés.
Pour dire plus simple (comme le décrit très justement Angélique Houlbert[20], dans une documentation technique Vit’all+), si on prend l’exemple d’une voiture : soit on remplace les pièces défectueuses (autophagie), soit si ce n’est plus possible, on la met à la casse (apoptose, ou mort des cellules).
Cette propriété d’autophagie permet de classer la fisétine parmi les sénolytiques : ce sont des actifs capables de cibler de manière sélective les cellules sénescentes, sans affecter les cellules saines, et d’activer leur capacité à se régénérer. Selon une étude[21], sur les 10 flavonoïdes testés, la fisétine a été le sénolytique le plus puissant. Elle a réduit les marqueurs de sénescence dans de multiples tissus.
La fisétine, comme la quercétine[22], l’apigénine[23], la lutéoline[24] et les extraits de thé (vert ou noir)[25], diminue donc le nombre de cellules sénescentes et l’inflammation qui leur est souvent associée, sans affecter les cellules saines.
Tout ce qui précède expliquerait ses possibles activités anti-angiogéniques[26] et anti-cancéreuses :
– in vitro (dans une éprouvette) sur des cellules cancéreuses de poumon[27], de côlon[28], de prostate[29], de pancréas[30], de mélanome[31] ;
– in vivo, où elle limite la croissance tumorale chez des souris porteuses d’un cancer du poumon[32] et chez celles ayant un cancer de la prostate[33].
La fisétine est également un régulateur des gènes de la longévité : les sirtuines.
Les sirtuines sont une famille de 7 gènes activés quand on consomme moins de calories, c’est à dire en période de restriction calorique (jeûne intermittent et/ou prolongé). D’ailleurs, l’indice de masse corporel (IMC) est en étroite relation avec l’expression de ces gènes.
Les multiples études réalisées sur la fisétine indiquent qu’elle est capable d’activer l’un de ces gènes : SIRT1[34]. Il mime donc l’effet puissant de la restriction calorique[35], comme le resvératrol et le ptérostilbène[36].
Fisétine, resvératrol et ptérostilbène pourraient ainsi être les modérateurs du vieillissement et des piliers de ce que l’on nomme de façon un peu barbare : « médecine anti-âge ».
On sait désormais que ce gène SIRT1, situé sur le chromosome 10, est en étroite relation avec l’espérance de vie. Après un jeûne de 24h, l’activité de SIRT1 augmente dans le cerveau, les reins et le cœur.
Avec l’inositol[37], la fisétine pourrait améliorer le syndrome des ovaires polykystiques et aider à rétablir l’équilibre glycémique
Une étude réalisée in-vivo a démontré que la prise de fisétine a des effets comparables à ceux de la metformine[38] pour traiter le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Elle active non seulement le SIRT-1, mais a aussi la capacité de baisser l’indice Homa (qui témoigne de la résistance à l’insuline) et de rétablir l’équilibre glycémique. De plus, elle améliore l’équilibre hormonal (œstradiol, progestérone, testostérone) et l’activité antioxydante en augmentant les enzymes antioxydantes.
Tout ceci semble merveilleux, mais peut-être faut-il modérer le propos ? car la plupart des recherches sur les bienfaits potentiels de la fisétine ont été menées sur des modèles animaux ou en laboratoire, et des études supplémentaires sur les humains sont nécessaires pour confirmer ces effets.
Malgré cette réserve, je vous conseillerais des cures. Surtout après 40 ans et pour espérer vous protéger de bon nombre de maladies liées au vieillissement (prise de poids, problèmes cognitifs, risques cardio-vasculaires) et peut-être ralentir ce dernier. À ces cures, vous pouvez associer ou prendre en alternance :
– Du PQQ,
– Du resvératrol,
– De la coenzyme Q10 réduite ou de l’Ubiquinol[39].
Une étude réalisée sur des souris suggère que la prise de fisétine et de resvératrol pourrait améliorer la pousse des cheveux. Ces deux polyphénols agiraient en augmentant l’expression d’une enzyme dans les kératinocytes qui augmente la prolifération des cellules souches dans le follicule pileux, favorisant une nouvelle phase de croissance des cheveux.
Comment prendre la fisétine et à quelle dose ?
Je conseille une gélule par jour, dosée à 100 milligrammes de fisétine 100mg Vit’all+[40], mais il en existe (assez peu) d’autres marques comme « Life Extension » dont je n’ai pas l’expérience.
Pourquoi cette dose ? Elle correspond au dosage donné lors des études cliniques chez des patients ayant eu un AVC ischémique ou un cancer colorectal[41] . Ce dosage est basé sur un modèle de la Food and Drug Administration (FDA) d’une dose in vivo à une dose équivalente humaine sécuritaire.
Je pense que, comme avec tous les antioxydants, il ne faut pas dépasser ces doses et surtout vous en abstenir en cas d’infections, de cicatrisation, ou encore trop rapprochées d’une chimiothérapie.
Je n’ai pas relevé de contre-indications ou d’effets secondaires mais, par prudence, abstenez-vous chez les enfants de moins de 18 ans, les femmes enceintes ou allaitantes. Il est toujours conseillé de prendre conseil auprès d’un thérapeute qui connaît ces suppléments et d’avertir votre médecin traitant si vous prenez des médicaments.
Dans tous les cas, et même si la consommation régulière d’aliments riches en fisétine peut être bénéfique pour la santé, il est important de maintenir une alimentation équilibrée et diversifiée de type méditerranéen.
N’hésitez pas à lire toutes les références de cette lettre afin de mieux comprendre l’intérêt de la fisétine.
Surveillez bien votre boîte mail,
Docteur Dominique Rueff
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