Règles douloureuses : ai-je de l’endométriose ? – 1ère partie

Chère amie,

Eh oui, pour une fois, je vais « genrer » ma lettre car cette maladie, de plus en plus fréquente, ne touche que les femmes.

Pourquoi en entendons-nous de plus en plus parler ? Parce que les troubles du métabolisme, la prise de poids et les intoxications environnementales qui conduisent à des phénomènes inflammatoires et des désordres hormonaux en sont une des principales causes.

Qu’est que l’endométriose ?

L’endomètre est le tissu qui tapisse la paroi interne de la muqueuse de l’utérus. Au cours du cycle, sous l’effet des œstrogènes, il s’épaissit en vue d’une potentielle grossesse, et s’il n’y a pas fécondation, il se désagrège et saigne. Ce qui donne lieu aux menstruations (règles).

En cas d’endométriose, des cellules de l’endomètre vont migrer via les trompes et se développer hors de l’utérus, dans d’autres organes, notamment les organes génitaux (ovaires), le péritoine, voire s’étendre aux voies urinaires (vessie) et digestifs (rectum).

Or, sous l’effet des modifications hormonales, et notamment des œstrogènes, ces tissus utérins dits « ectopiques » (situés au mauvais endroit) saignent au moment des règles, mais ce sang ne peut pas s’évacuer. Cela provoque alors des inflammations, puisque le système immunitaire lutte contre ces tissus utérins situés hors de l’utérus et provoque des douleurs intenses, notamment au moment des règles. Cette colonisation va ainsi provoquer des lésions, des adhérences et des kystes ovariens responsables d’infertilité.

Cette maladie toucherait environ 1 femme sur 10 en âge de procréer, voire plus car beaucoup de femmes en souffrent sans forcément avoir été diagnostiquées.

Quels sont les symptômes ?

Ils peuvent être multiples et liés à la localisation des cellules de l’endomètre qui ont migré.

Le plus souvent, cette maladie est diagnostiquée à cause de douleurs gynécologiques intenses et invalidantes, non soulagées par des antalgiques classiques. Ces douleurs peuvent être continues ou ponctuelles, le plus souvent reliées au cycle :

– Règles douloureuses (dysménorrhées) et/ou infertilité

– Douleurs pelviennes, abdominales et lombaires, même en dehors du cycle

– Douleurs ressenties lors des rapports sexuels (dyspareunie)

– Douleurs digestives ou urinaires (dysuries)

– Douleurs rectales au moment de la défécation

On trouve parfois aussi des lésions bleutées saignant facilement sur la vulve ou le vagin.

C’est le caractère rythmé des douleurs en fonction des cycles qui est caractéristique, ainsi que leur aggravation progressive, chez une femme n’ayant pas d’enfant, qui doit attirer l’attention.

Des examens complémentaires permettent de confirmer le diagnostic. Il s’agit :

  • de l’échographie pelvienne transvaginale (sonde placée dans le vagin) ou transrectale (sonde placée dans l’anus) ;
  • de la coelioscopie en période menstruelle (elle montre un amas bleuté qui permet d’observer les lésions sur les organes génitaux ou les kystes dans l’utérus) ;
  • de l’IRM pelvienne qui permet de visualiser tout le pelvis.

Quelles sont les causes de l’endométriose ? 

À l’heure actuelle, aucune cause n’a été réellement établie, mais plusieurs semblent jouer un rôle prépondérant. Les anomalies génétiques d’origine familiale, surtout lorsque l’une des parentes est atteinte, les dysfonctionnements hormonaux avec hyperoestrogénie[1], le mode de vie, le stress oxydatif, l’inflammation… sont autant de facteurs de risque qui prédisposent à l’endométriose[2].

Porter un stérilet ou subir un curetage de l’utérus pour une interruption de grossesse peuvent être des facteurs favorisants.

De nombreuses études établissent également un lien entre l’exposition à des contaminants environnementaux (perturbateurs endocriniens, en particulier phtalates, bisphénol A, herbicides comme le glyphosate, pesticides, PCB…) et l’apparition de cette maladie.

Quelles sont les solutions thérapeutiques proposées ?

La prise en charge médicale est généralement basée sur la prise d’un traitement hormonal en injection sous-cutanée (Leuproréline®)[3]. Il vise à inhiber la fonction ovarienne et donc les hormones féminines (œstrogènes), ce qui est particulièrement problématique en cas d’infertilité.

Certains gynécologues proposent sinon la prise d’une pilule contraceptive oestro-progestative à dominante progestéronique, ou à base de progestérone seule.

Si la patiente continue de souffrir malgré la prise de pilule, on peut envisager une opération chirurgicale par voie abdominale ou coelioscopique[4], en particulier si les trompes sont obstruées ou en cas de lésions de taille supérieure à 3 cm. Mais cette chirurgie ne donnera des résultats définitifs que si le dérèglement hormonal est en cours de résolution.

Quel peut être l’impact d’un changement d’alimentation ?

Modifier radicalement son alimentation en limitant les aliments pro-inflammatoires et les apports en sucres peut aider à soigner l’endométriose.

Voici les principaux changements alimentaires à opérer :

  • Augmenter les apports en acides gras oméga-3, en mangeant des poissons gras (sardines, maquereaux, hareng, thon, saumon), des noix, des graines de lin et de chia, ainsi que des huiles de cameline, de noix, de colza ou de périlla, de telle sorte que le ratio oméga-6/oméga-3 soit compris entre 1/1 et 4/1 maximum[5].
  • Diminuer les aliments qui fournissent des oméga-6 ayant des effets pro-oestrogéniques et pro-inflammatoires : huile de tournesol, de pépin de raisins, d’arachide, ainsi que les pâtisseries industrielles et les viennoiseries[6].
  • Consommer moins de viandes rouges (maximum 3 fois par semaine). En effet, elles augmentent la concentration d’œstradiol (hormone féminine) dans le sang, apportent du fer pro-oxydant et entraînent de la glycation[7] si elles sont grillées. Privilégier plutôt la consommation de poissons, volailles, crustacés et œufs de poules élevées en plein air.
  • Limiter la charcuterie, en particulier le jambon, car les études montrent que les femmes qui mangent du jambon 3 fois par semaine augmentent de 80 % le risque d’endométriose par rapport à celles qui en mangent moins d’une fois par semaine[8].
  • Augmenter l’apport de légumes et fruits biologiques[9] (au moins la moitié de l’assiette doit être constituée de légumes) pour apporter des antioxydants, des vitamines B6, B9 et de la méthionine, trois substances essentielles au processus de méthylation[10].
  • Miser sur les épices anti-inflammatoires comme le curcuma, le gingembre et la cannelle.
  • Limiter drastiquement les apports en gluten, notamment toutes les sources de blé : pain, pâtes, farine, biscuits, pizzas… En effet, selon certaines études[11], les femmes atteintes d’intolérance au gluten ont un risque augmenté d’endométriose. Après un an d’éviction du gluten, 75 % des patientes ont constaté une réduction des symptômes de l’endométriose[12].
  • Il pourrait aussi être utile de limiter les laitages animaux, notamment ceux de vache (lait, yaourt, fromage), pour éviter l’exposition aux xénoestrogènes[13], des perturbateurs endocriniens.
  • Privilégier les aliments bruts, non transformés et biologiques pour limiter l’exposition aux additifs, aux graisses partiellement hydrogénées (acides gras trans[14]), aux pesticides et aux perturbateurs endocriniens.

Concernant le soja, toutes les études ne s’accordent pas, mais par principe de précaution, il faut éviter de cumuler les différentes sources de soja dans une seule et même journée : tofu et ses dérivés, tempeh, yaourts et fromages au soja, graines de soja… À noter que des variations pourraient exister entre les femmes européennes et les femmes asiatiques, comme le démontre une étude[15] réalisée sur 138 japonaises âgées de 20 à 45 ans, indiquant que des taux plus élevés de génistéine et daidzéine (deux isoflavones du soja) dans le sang étaient corrélés à un risque plus faible d’endométriose[16].

Comment traiter ce dérèglement hormonal naturellement ?

Nous avons vu que l’endométriose était la conséquence d’un climat oestrogénique prédominant (effets possibles des perturbateurs endocriniens), avec parfois un déficit de la sécrétion de progestérone (par le corps jaune ovarien) en fin de cycle.

Pour corriger ce dérèglement, on peut obtenir (par expérience) de bons résultats en prenant de manière concomitante :

  • une dose homéopathique de Folliculinum 15CH (qui freine la sécrétion oestrogénique), entre le 20e et 22e jour du cycle, pour un cycle de 28 jours.
  • une crème à la progestérone naturelle[17], à appliquer sur la peau le soir, du 18e jour du cycle jusqu’au premier jour des règles.

Cette stratégie thérapeutique est également recommandée pour beaucoup de femmes ayant tout simplement des règles douloureuses.

Nous verrons dans la prochaine lettre quels peuvent être les compléments alimentaires très utiles en cas d’endométriose.

À bientôt,

Docteur Dominique Rueff


[1] Voir ci-après quelles peuvent en être les conséquences thérapeutiques

[2] Augoulea A., et al. « Pathogenesis of endometriosis: the role of genetics, inflammation and oxidative stress », Arch Gynecol Obstet. 2012

[3] L’acétate de leuporéline est préconisé en association avec d’autres médicaments pour traiter le cancer de la prostate chez l’homme. Il est également prescrit en tant qu’antioestrogène dans la puberté précoce, l’endométriose et certains cancers du sein. Ce sont des injections intramusculaires à effet retardé préconisées une fois par mois ou moins. Les effets secondaires peuvent être importants et conduire à l’arrêt du traitement. Ce peut être une prédisposition au diabète, des saignements vaginaux, une modification de la voix et des problèmes de rythme cardiaque. Plus généralement, on observe des gonflements de paupière, des difficultés respiratoires, des maux de tête, des nausées, des troubles de la miction.

[4] La coelioscopie permet de visualiser les organes abdominaux et pelviens au moyen de petites incisions.

[5] Pour plus d’informations sur le ratio oméga-6/oméga-3, je vous invite à lire mes lettres : https://www.lettre-docteur-rueff.fr/la-saga-des-omega-premiere-partie/, https://www.lettre-docteur-rueff.fr/la-saga-des-omega-deuxieme-partie/ et https://www.lettre-docteur-rueff.fr/la-saga-des-omega/

[6] Khanaki K, et al. « Evaluation of the relationship between endometriosis and omega-3 and omega-6 polyunsaturated fatty acids », Iran Biomed J. 2012

[7] Pour en savoir plus sur le processus de glycation, je vous invite à lire ma lettre : https://www.lettre-docteur-rueff.fr/ne-vous-caramelisez-pas/

[8] Parazzini F, et al. « Selected food intake and risk of endometriosis », Hum Reprod. 2004

[9] Halpern G1, et al. « Nutritional aspects related to endometriosis », Rev Assoc Med Bras (1992). 2015

[10] Guo SW1. « Epigenetics of endometriosis », Mol Hum Reprod. 2009

[11] Caserta D, et al. « Celiac disease and endometriosis: an insidious and worrisome association hard to diagnose: a case report », Clin Exp Obstet Gynecol. 2014

[12] Chandrareddy A1, et al. « Adverse effects of phytoestrogens on reproductive health: a report of three cases », Complement Ther Clin Pract. 2008

[13] Les xénoestrogènes, perturbateurs endocriniens, sont des substances environnementales, naturelles (phytoestrogènes) ou synthétisées par l’homme, qui exercent à quelque degré que ce soit une activité estrogénique.

[14] Les acides gras trans sont des acides gras insaturés, dont au moins une double liaison est en position trans, contrairement aux acides gras insaturés synthétisés par l’organisme, dont les doubles liaisons sont en position cis.

[15] Chandrareddy A1, et al. « Adverse effects of phytoestrogens on reproductive health: a report of three cases », Complement Ther Clin Pract. 2008

[16] Tsuchiya M1, et al. « Effect of soy isoflavones on endometriosis: interaction with estrogen receptor 2 gene polymorphism », Epidemiology. 2007

[17] https://www.lettre-docteur-rueff.fr/les-fantastiques-pouvoirs-de-la-progesterone-naturelle/



N'hésitez pas à commenter la lettre de ce jour ci-dessous. Veuillez cependant noter que, en raison du très grand nombre de commentaires, le Dr Rueff ne pourra pas vous répondre individuellement.


Une réponse à “Règles douloureuses : ai-je de l’endométriose ? – 1ère partie”

  1. Ny dit :

    Bonjour, merci infiniment pour cette lettre sur l’endometriose. Une grande première que je suivrai avec grand intérêt.

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