Réflexions d’une confinée à propos du Covid-19
Chère amie, cher ami,
En cours de confinement, je ne résiste pas à vous faire passer un message de ma chère amie Christina.
Pour ceux qui me lisent régulièrement, vous savez que Christina[1] a organisé les deux voyages en Crète que nous avons partagés en 2018 et 2019.
Psychanalyste, psychosomaticienne, Christina utilise également la psycho-généalogie et élargit son art à bien d’autres disciplines. Je lui ai parfois adressé des personnes en détresse, constatant qu’elle contribuait à les remettre sur de bons rails. De plus, elle consulte par téléphone ou par Skype et, souvent, quelques entretiens suffisent à obtenir des résultats encourageants.
Dans cette lettre, je commente l’un de ses plus récents messages, qui ne m’a pas laissé indifférent. Je citerai son texte en italiques, en reproduisant le « code » qu’elle propose : « Co » en bleu, « Vid » en rouge, « Dix-neuf » en vert, et ferai au-dessous de chaque paragraphe mes commentaires personnels.
« Co: Un monde en transe, une économie en spasme, des humains en panique dont le mental tourne en boucle, enferme, affole ! »
Les postures guerrières sont aussi dangereuses face aux forces de la nature que les messages anxiogènes. Qui nous tuera le plus vite ? Le virus, la peur ou le spasme de nos coronaires, qui nous conduira vers un service de réanimation où l’on risque de nous refuser faute de place ?
La peur et la panique mortifient plus que tout agent infectieux et dépriment notre système immunitaire. Elles détruisent et annihilent toute possible interaction humaine et engendrent guerre et destruction.
Qui a le plus peur de vous deux ? Vous ou l’araignée qui s’enfuit au bruit de votre seul pas ?
Quant à tourner en boucle, nous en avons tous fait l’expérience, tel un petit vélo dans notre tête : c’est la meilleure façon de griller ses neurones, sans même l’usage de drogues ou médicaments toxiques, car nous sécrétons notre propre poison cérébral.
« Co : Stopper une mondialisation, remettre un cadre cohérent à une économie cannibale, coopérer avec notre environnement naturel et animal.
Et si nous écoutions simplement notre ressenti ? »
Si la mondialisation économique est vraiment à l’origine de l’infection et surtout du manque de moyens pour la ralentir, comme les masques ou les médicaments, elle est plus que cannibale : elle est autophage et suicidaire ! Si la destruction des espèces continue, nous le savons bien instinctivement, l’humanité disparaîtra dans un environnement désertique. Seul le serpent des sables du Petit Prince restera en compagnie de quelques scorpions et autres téméraires insectes.
« Co : comme début de confiner ; sortir du stress extérieur, rester en intérieur dans les limites de son corps, limites plus restreintes que les frontières géographiques résidentielles, communales, urbaines, régionales, nationales, internationales.
Confiner pour être avec soi, pour donner à l’être la possibilité de comprendre ce qui se passe à l’extérieur ; cela représente le reflet de notre intimité. Prendre le temps pour réfléchir sur l’ampleur de nos positionnements tant personnels que sociaux. Donner un nouveau cadre au « sans contrainte » de nos désirs. »
Retrouver son for-intérieur, communier avec soi-même. Ne pas redouter ni son intimité, ni sa solitude, mais la cocréer avec son entourage proche. Et pourquoi pas méditer dans le souffle de Gaia[2] ?
Retrouver le sens de soi, de sa vie, de ses rencontres, et tenter d’en percevoir la direction. Respectons la lente amplitude du premier mouvement dans l’espace qui nous vient à l’esprit, laissons aller notre pinceau sur la feuille de papier dessin, témoin de nos désirs les plus chers.
Retrouver son intimité, y rester silencieux, en paix : quelle occasion offerte de réécouter ces oiseaux de nuit, de mer, de vagues, de tempêtes et de levers de soleil dont nous avions oublié le chant !
Retrouver ses limites. Certains d’entre nous vivent « sans limites ». L’argent et le pouvoir leur ont donné tous les droits et plus aucun devoir, mais, bonne nouvelle, à cause de ce tout petit virus, d’autres valeurs sont en gestation.
Et si par bonheur viral, l’humanité retrouve ses limites, qu’elle les impose donc à ses enfants : elle en fera des Hommes[3] !
« Co : comme collaborer, compagnie, communauté, contrainte, coopération. »
Impossible de ne pas collaborer ni fraterniser, avec la communauté. Prenons la mesure de nos liens avec elles, de notre interdépendance, à tous les « existants » de l’Univers.
« Vid : comme vider notre patrimoine naturel, vider notre tête de bon sens. »
Nous avons exploité notre patrimoine commun, la Terre, jusqu’à la corde. Allons-nous aussi vider notre tête de tout bon sens ? Allons-nous laisser nos pensées erronées issues d’un monde artificiel nous conduire vers notre perte ? Un minuscule caillot dans une artère cérébrale le fait aussi bien. Choisissons, en prévention, de nettoyer nos têtes de toutes ces pensées inutiles et en boucle : c’est aussi cela, la méditation.
« Dix-neuf : comme « dis et neuf ». « Dis et fais du neuf ». »
Nous vivons un moment passionnant, celui de la prise de conscience de l’énergie !
Faisons fi de la bête de l’apocalypse et reconstruisons, tout de suite, c’est-à-dire en acceptant de raser nos vieilles valeurs, nos vieilles croyances : celles qui empêchent nos enfants de rêver à un monde meilleur et les propulse de l’Eldorado vers le Djihad, pour en trouver enfin de nouvelles…
« L’humanité s’est trompée de dieu. Dans le dieu Argent, dieu Google, dieu Facebook, Instagram… il y a le leurre de la maîtrise et du pouvoir matériel. Une apocalypse naturelle n’est même pas nécessaire pour nous immobiliser, un tout petit virus suffit.
L’humanité a besoin de s’arrêter de courir après un profit sans sens pour réfléchir à son « à venir ». C’est le moment de remettre à plat, de prendre un chemin plus sensé, « sens et » qui nous permet de porter le « corionnaa« , la couronne céleste de la vie au même niveau que le chakra couronne, le lotus aux 1000 pétales[4]. »
Un virus, le Covid-19, a mis son millionième de grain de sable dans ce mécanisme mondial…
Sri Aurobindo[5] disait : « Ce qui caractérise l’époque moderne c’est que, dans la hotte du colporteur épuisé par le poids de sa charge, un seul épi de blé qui s’enflamme enflammera toute la hotte et l’homme. »
Quant à notre couronne… Nous l’avions réservée cette année à notre « galette ». Pourrons-nous danser avec elle l’année prochaine en proclamant haut et fort que nous sommes tous rois et reines de la vie en mouvement et changement ?
S’arrêter. En sommes-nous vraiment capables, nous qui courons de vitrines en vitrines quand les soldes sont là ? Nous qui nous agitons sans cesse, pensant en tirer un profit immédiat, afin de ne jamais penser que ce profit pourrait ne pas avoir d’avenir ni de sens pour nous-mêmes, pour nos enfants et pour nos petits-enfants ?
Le sens et la boussole, les avons-nous gardés, tant serviles nous sommes devenus face à nos GPS et nos agendas, dont la 5G, accusée de nous fragiliser face aux infections, augmentera toutes les performances ? Grâce à elle, nous deviendrons des robots télécommandés par Google, si rien ne l’arrête.
Restons chez nous, rentrons à l’intérieur de nous, retrouvons les sens : l’essence du cœur.
Restons confinés en héros du « non agir », par solidarité et pour aider tous ceux qui sont au front.
« Les virus sont des êtres puissants, capables de modifier notre génome, traitons-les sinon avec respect, du moins avec modestie » comme le dit très bien Coline Serreau qui ajoute, dans une interview à France Inter : « Pour se protéger des virus, il faudra avoir un environnement sain et un système immunitaire qui marche. Et c’est ça qui nous permettra de vivre non pas contre eux, mais de les supporter, parce qu’ils seront toujours là. »
Ça ne vous parle pas ?
« Je parle d’élévation et non d’expansion. »
L’expansion castratrice des plus riches et des plus puissants, à de rares exceptions, sait bien amputer les esclaves, qu’elle souhaiterait à son entière disposition. Elle est aux antipodes de l’élévation spirituelle, de la compassion, de la fraternité, de l’humilité créatrice et modeste du chercheur ou du simple regard émerveillé de l’enfant devant la voute céleste.
« Le monde s’est dilaté (hypertrophie des égos, course exacerbée aux profits en tous genres, remplie d’inutilités, contraintes niées (éducation quasi-inexistante et plaisirs à gogo…). Il est ici question d’élévation de conscience et non d’expansion et de possession économique.
N’oublions pas que nous sommes les invités privilégiés du monde et que nous lui devons le respect de la cohabitation. »
Se soigner, bien respirer, bien manger, c’est respecter ce corps, ce temple que l’Univers nous a prêté.
Les Indiens d’Amérique l’avaient bien proclamé : « Nous vivons sur une terre que l’on ne nous a pas donnée, mais seulement prêtée. »
« L’essentiel est dans l’action de chacun ; l’intellect est l’élément intermédiaire de notre compréhension du Monde. Arrêter de Le penser, Le mettre en œuvre.
C’est le moment alchimique de la transformation du plomb en or, celui de l’Œuvre. »
Lorsque, dans le film « Angélique, Marquise des Anges[6] », le roi Louis XIV interroge le comte de Peyrac en lui disant :
« Comte, on me dit que vous transformez du plomb en or, vous êtes le seul à le faire ?
Le comte répond :
- Non Sire, je ne suis pas le seul, je suis le premier !»
De gré ou de force, nous sommes les premiers humains à vivre cette troisième révolution. Après la révolution économique, la révolution numérique, nous deviendrons, j’ose l’espérer, les premiers à vivre de façon virale la révolution de l’Esprit !
« Je parle ici de puissance et non de pouvoir. »
La puissance est aux antipodes du pouvoir. La puissance propose et permet, le pouvoir corrompt et contraint.
« Je vous livre une réflexion et un cheminement personnels.
« Un virus nous terrasse,
Mettons-nous au travail ».
Bon confinement pour certains,
Pour d’autres, bonne méditation dans le réel. »
Nous te remercions, Christina, de cette conclusion positive : mettons-nous au travail ou en méditation, assis ou marchant dans le réel. Restons dans ce réel immédiat, ni passé dépassé, ni futur incertain.
Mettons-nous « en marche », sans allusion ni illusion.
Chère amie, cher ami, j’espère que ces quelques réflexions vous aideront à vous confiner, dans l’espérance d’un progrès personnel et collectif, un progrès tant inattendu.
Docteur Dominique Rueff
Bonjour Dr Rueff. Je viens de lire votre lettre « Réflexions d’une confinée ». Si j’avais votre talent, je l’aurais écrite moi-même car elle correspond exactement à mes idées. Ce qui se passe me donne raison quand je disais que le monde ne pouvait pas continuer ainsi, qu’il allait se passer quelque chose de grave. On se moquait de moi, j’étais préhistorique. Merci , vous m’avez remonter le moral. A bientôt de vous lire.