Nous pensions refaire le monde
L’été étant propice à des sujets plus légers, je vous propose quelques réflexions personnelles sur l’évolution de la médecine, telle que je l’ai vécue depuis ma première installation médicale en 1974.
J’ai ouvert mon premier cabinet médical à Carcassonne, à l’automne 1974, en tant que « médecin généraliste à orientation homéopathie et acupuncture ». Mon champ d’action ne se limitait pourtant pas à ces deux disciplines car, élève depuis des années de la Société Médicale de Biothérapie, et plus spécifiquement des docteurs Julian et Tétau, je pratiquais également :
- la phytothérapie ;
- l’organothérapie[1] diluée et dynamisée ;
- la mycothérapie diluée et dynamisée ;
- la neuralthérapie ;
- l’ostéopathie ;
- l’ozonothérapie ;
- et d’autres types d’activités comme certains massages réflexes, ou l’application d’ondes électromagnétiques pulsées.
De plus, ma formation universitaire d’oncologue m’avait logiquement amené à m’intéresser plus particulièrement au traitement du cancer, ce qui me permit, quelques années plus tard, de rencontrer et de soigner Thérèse[2], qui devint mon épouse.
Refaire le monde et rénover la médecine
J’ai eu la chance, au cours de mes études, de 1967 à 1974, de rencontrer des médecins qui, chacun dans leur discipline, se donnaient tous comme défi de soigner l’être humain dans sa globalité.
Qu’ils fussent homéopathes, comme les docteurs Julian, Illiovici, Tétau, Zissu, Sananès, Broussalian, Lernout, Horvilleur, Demarque, De loupy (et j’en oublie), acupuncteurs, comme les docteurs Nguyen Van Nghi[3], Kespi, Darras, Bourdiol, Borsarello, avec qui nous avions fondé l’AFA[4], Nogier, pionnier de l’auriculothérapie, ou Lapraz, précurseur en phytothérapeute, ils étaient tous des passionnés, des humanistes cultivés et des médecins de grande expérience.
Nous avions tous un but commun : nous voulions rénover la médecine !
Nous avions même réussi à ouvrir un service entier d’homéopathie à l’hôpital Saint-Jacques à Paris, et mieux encore, à équiper quelques véhicules du SAMU de petites ampoules « d’homéopathie injectable », dont les résultats surprenaient tout le monde.
Ces petites ampoules stérilisées, injectées par voies sous-cutanées, intra-musculaires ou intraveineuses, pouvaient avoir des effets sur la réduction de la douleur, des spasmes ou des angoisses, comparables à des médications classiques, sans en avoir les effets secondaires ou les contre-indications.
Des thérapies efficaces et quasiment introuvables, de nos jours, en France
La neuralthérapie, enseignée à l’époque par les docteurs Pelz, Richand, et de Winter, était (et reste toujours… mais en Suisse et en Allemagne) un formidable outil de lutte contre la douleur.
Elle fut remboursable en France jusqu’en 2017, mais aujourd’hui, comme bien d’autres médecines dites « complémentaires », elle est si mal vue par la Haute Autorité de santé (HAS), que les praticiens, craignant critiques et sanctions, se font rares…
La neuralthérapie fut élaborée en 1925, en France, par les médecins Leriche et Fontaine, et formalisée 25 ans plus tard par le médecin allemand Ferdinand Huneke. Elle consiste à rechercher, puis à traiter au moyen de micro-injections d’anesthésiants, des zones de blocage de la transmission nerveuse, ce que les neuralthérapeutes nomment des « champs perturbateurs ». Ces champs perturbateurs peuvent être des cicatrices, des amygdales infectées, des zones d’extraction dentaire, ou encore des sinus ou des tissus ganglionnaires plus profonds.
La spécificité de cette technique tient dans le fait que l’injection dans le champ perturbateur induit un soulagement immédiat d’une douleur à distance, mais en relation avec ce champ. On voit souvent des personnes opérées du genou ou de la colonne vertébrale qui continuent de souffrir malgré l’intervention et la rééducation. L’injection dans tout ou partie de la cicatrice permet alors de les soulager immédiatement. De même, l’injection dans une cicatrice liée à une extraction dentaire peut soulager une douleur articulaire de l’épaule ou du bras. Bien entendu, on peut être conduit à répéter ces injections pour atteindre un soulagement définitif.
Pendant une vingtaine d’années, j’ai utilisé cette technique sur des patients, de même que l’ozonothérapie, qui traite la douleur avec de l’ozone médical. Je regrette bien que cette thérapie, aussi « mal vue » que la neuralthérapie, ait quasiment disparu en France.
Bien sûr, l’ozone médical n’a rien à voir avec la pollution à l’ozone liée à l’industrie. C’est en fait une forme particulière d’oxygène appelée « oxygène tri-actif » qui, du fait de son instabilité, se dissout immédiatement dans les tissus, y compris dans le sang. Elle fut utilisée dès le début du XXème siècle comme cicatrisante, désinfectante, anti-infectieuse, antivirale, antimycosique, vasodilatatrice et même immunostimulante. Certains appareils permettent de préparer extra-corporellement un mélange « sang + ozone » et de le réinjecter dans l’organisme ; d’autres, comme celui que j’ai utilisé avec succès pendant des années, permettent d’injecter directement l’ozone par intra-veineuse, intra-musculaire, lavements, ou de préparer des bains d’ozone dans de grands sacs hermétiques. Je l’utilisais aussi localement pour désinfecter des plaies.
Il était toujours impressionnant de voir l’ozone se dissoudre immédiatement à proximité du point d’injections, sans que le patient ne ressente aucune sensation. De toute ma carrière médicale, je n’ai rien connu de mieux pour enrayer un bon début de grippe.
Pour les mêmes raisons que celles exposées ci-dessus, il devient très difficile, en France, de trouver un praticien en ozonothérapie.
Des thérapies en danger… et pas seulement l’homéopathie !
L’organothérapie diluée et dynamisée[5] consiste à proposer au patient des dilutions à doses homéopathiques d’organes comme le rein, le poumon, le myocarde, etc., afin d’aider au fonctionnement de ces organes. Elle suppose des modes de préparation-dilutions particulières qui, en France, ne sont pas toujours faciles à trouver. On en trouve par exemple à la pharmacie des Archers[6], à Epernay ; et en Belgique à la pharmacie Hildegard[7], à Bruxelles. Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive.
Il en va de même pour la mycothérapie diluée et dynamisée, développée dans les années 1980 par le docteur Lernout, qui utilise les nutriments et les bienfaits des champignons ; mais également pour la biothérapie gazeuse, qui utilise des gaz dilués et dynamisés pour traiter notamment les allergies et les rhumatismes. Cette thérapie est encore pratiquée aujourd’hui[8] par le docteur Roger Fix.
Malgré la disparition des herboristes, la phytothérapie, grâce à l’usage des « teintures mères » homéopathiques et des extraits de plantes, continue de survivre, et j’y ai consacré de nombreuses lettres[9].
Citons encore la méthode de l’analyse protéomique du vivant (qui analyse les protéines de l’organisme), fondée par les docteurs Pol Henry, André Martin, Eric Reymond, avec l’aide de l’ingénieur et physicien Jean Paquelet. Elle a donné le bilan Protéomis[10], un bilan sanguin prédictif qui évalue les réactions de toutes les protéines sanguines par une batterie d’environ 50 tests. Il est encore pratiqué par de nombreux médecins, mais gagne à être davantage connu.
Focus sur les médecines complémentaires en France : pourquoi tant de haine ?
Certains les qualifient, à tort, de « médecines douces », l’Ordre des médecins utilise le terme de « médecines complémentaires », et personnellement, je préfère celui de « médecine intégrative »[11].
À part quelques exceptions, elles devraient toutes être pratiquées de façon complémentaire pour traiter une pathologie donnée, selon les demandes du patient, et ce par des médecins ayant reçu la même formation que tout médecin généraliste ou spécialiste.
Aujourd’hui, on utilise plus d’énergie à essayer de les faire passer pour des charlatans, plutôt qu’à faire connaître leur pratique.
Je ne pense vraiment pas que les dizaines de livres de ma bibliothèque, écrits par de vrais érudits tels qu’Hahnemann, Lathoud, Duprat, Charrette, Vannier, Boeninghausen, Henri Bernard, Kent, etc., soient l’œuvre de charlatans intéressés, naïfs ou farfelus. Leurs travaux ont traversé les siècles, ils ont aidé de nombreux médecins à soigner à l’époque où la médecine était totalement démunie contre les maladies infectieuses.
Mais laissons là les polémiques toujours stériles et terminons, à propos du déremboursement de l’homéopathie, par ce commentaire qu’un psychiatre retraité (anonyme) a publié sur ma page « Facebook » (partagée à ce jour 145 fois !) :
« Qu’on le veuille ou non, que l’on sache pourquoi et comment, ou non, l’homéopathie, ainsi que d’autres médecines non cartésiennes, occupent un territoire dans le vaste champ de la médecine. C’est à dire que des patients trouvent un soulagement dans son usage. Un courant, arrogant et dominateur, bien que renvoyé bien souvent à ses échecs, mais fort de ses avancées déterminantes que personne ne songe à nier, ni même à relativiser, entend occuper la totalité de l’espace. Comme l’Église quand elle condamnait Galilée, faute de modestie intellectuelle, d’humilité et de curiosité. Effet placebo ? Et alors… Que l’on prenne au moins le temps d’apprendre, selon les critères de la raison, comment ça marche ! Nous sommes sur les marges de la pathologie, dans le « fonctionnel » le « psychologique ». Terrain que la science officielle commence à peine à explorer. Mais qu’elle sait déjà condamner… L’humanité n’a connu que ça dans son histoire : faute de comprendre, on condamne… Demain, si je dois passer un scanner dont dépend le pronostic de mon avenir sur cette terre, je serai naturellement anxieux. Si quelques granules d’Ignatia suffisent à réduire cette anxiété, quel progrès aura fait la médecine à m’imposer quelque benzodiazépine en son lieu et place ? Ou alors rien : débrouille-toi avec ton angoisse… c’est pas mon problème. Est-on bien certains, chez les contempteurs de l’homéopathie, de respecter le premier commandement de l’exercice de la médecine : « primum, non nocere » ? »
Prétendant assumer le caractère « impopulaire » du déremboursement progressif de l’homéopathie, Madame Buzyn souligne que ce déremboursement n’empêchera pas les médecins de continuer à prescrire de l’homéopathie, ni les Français d’en acheter. « L’année transitoire permettra d’accompagner les professionnels de santé qui en prescrivent, et de voir si d’autres moyens de prise en charge sont possibles pour les patients qui ont recours à l’homéopathie. » estime-t-elle.[12]
Je terminerai par ce commentaire du docteur G. Dulac publié sur ma page Facebook : « Sans doute, Madame la ministre va nous rééduquer et nous apprendre à réintoxiquer nos patients avec des molécules chimiques produites par les lobbies pharmaceutiques […] ! ».
Dans une prochaine lettre, je vous parlerai du Professeur Gilbert Deray qui, lui, fit le parcours exactement inverse et nous l’expose dans un livre surprenant.
Docteur Dominique Rueff
P.S. : Retrouvez-moi les 7 et 8 septembre prochains à Nice, pour deux conférences sur Mirko Beljanski. Première conférence réservée aux professionnels de Santé, le samedi 7 septembre de 19 heures à 21 heures à l’hôtel NOVOTEL NICE, Centre Vieux Nice, 8-10 Esplanade du Parvis de l’Europe, 06300 Nice. Seconde conférence ouverte à tous publics, le 8 septembre de 16 heures à 18 heures, au même hôtel. Réservation requise sur le site de la Fondation Beljanski : https://shop.beljanski.org/nice-tp-2019.html, ou par téléphone : 00 21 23 06 70 66.
Merci pour votre lettre.
Oui, cela devient désespérant…
L’histoire ne cesse de se répéter; ce sont toujours une poignée de corrompus qui mènent le monde, plus intéressés par leur portefeuille que par autrui, et prétendant défendre autrui.
Vous, médecins, vous êtes nombreux à déplorer cela. Dans votre lettre, vous énumérez de nombreux collègues, soucieux avant tout à soigner l’humain, tous animés par le souhait de pratiquer une vraie médecine et non celle affairiste d’aujourd’hui.
Pourquoi ne vous associez vous pas, tous ensemble, pour faire entendre votre voix?
Comment se fait-il qu’une tribune de quelques 124 médecins relayées par les médias, détermine les choix de nos politiques? Les lobbies sont plus forts?
Maintenant, ce sont nos bébés, 800 000 par an, qui sont pollués à vie.
Avez-vous lu les livres du Dr de Lorgeril, sur les vaccins; enfin des ouvrages clairs, pragmatiques, scientifiques sur le sujet que tout médecin se devrait de lire; mais les connaissent-ils?. Je trouve qu’il a fait un travail remarquable. D’autres, avant lui, ont déjà communiqué sur ce sujet ‘tabou’, mais il serait plus que temps d’entamer une vraie réflexion. Cela ne sera-t-il possible que le jour où les laboratoires pharmaceutiques s’écrouleront?
Pourquoi ne pas vous unir au sein de cette association, l’AIMSIB, pour enfin faire apparaître une vraie médecine, scientifique, intégrative, bienveillante et délivrée de tout mercantilisme?
Merci pour vos lettres éclairées, précises, complètes.
Je rêve que tous les médecins soient comme vous.
Mais que font les nouvelles générations ?
Je suis inquiète pour mes enfants, petits-enfants et…moi-même, car quand je serai vieille, je serai dépendante de cette médecine en pleine dérive…..
Cordialement et au plaisir de vous lire
merci docteur
Les décisions françaises apparaissent tout à fait partisanes. Voir par exemple la position de la Suisse très bien résumée sur ce site.
http://sphq.org/rapport-suisse-rapport-australien/
Monsieur,
Je suis abonnée à votre lettre et connais votre humanité par une de mes amies que vous avez soigné du cancer. Entendre parler d’ozonothéraphie m’a fait un immense plaisir.
En 1968, jeune ingénieur, je travaillais à la réduction de rejets de SO2 en centrale à fuel par l’ozone. Le procédé était positif mais n’a jamais été exploité par EDF.
Toujours en utilisant l’ozone il était possible de dépolluer des rivières . Mais l’écologie n’avait pas encore le vent en poupe !
Le directeur de l’entreprise était atteint d’ arteriosclérose, ses pieds et jambes devenaient noirs. j’ai donc essayé de le soulager ( en attendant l’opération) en lui enfermant la jambe dans un sac plastique fermé au-dessus du genoux dans lequel circulait de l’ozone. Puisque l’oxygénation ne pouvait se faire par l’intérieur, pourquoi ne pas essayer par l’extérieur avec un super-oxygène? et j’ai vu la jambe rosir . le « traitement » bricolé l’a soulagé.
Alors voir un médecin de renom parler de l’ozone , me réjouit.
Merci d’être qui vous êtes, un humain éclairé.
Je suis totalement d’accord avec votre article… Ceux qui dénigrent l’homéopathie sont, à mon sens, des personnes qui nient l’évidence parce que, trop imbus d’eux mêmes, ils considèrent que ce qu’ils ne comprennent pas n’existe pas.
j’ai juste une petite question par curiosité que signifie les petits chiffres entre parenthèses dans votre article…
Merci pour votre engagement qui est de plus en plus nécessaire
Bonsoir Dr Rueff
Je lis que vous avez pratiqué l’ozonothérapie. Le dr Schmitz en Belgique me propose un traitement par ozonothérapie haute concentration (140 mg par injection en 10 passes), pour traiter une maladie coronarienne. Pouvez vous me dire si c’est réaliste ? Si oui je le fais.
Merci pour votre réponse et aussi pour vos dossiers et lettres
J’adore vos lettres, j’aime votre façon d’être humble dans une science complexe, je cherche vainement à être soignée d’une manière holistique et je n’arrive pas à trouver un médecin qui comprenne qu’un médicament assené de force, sans compréhension, sera d’un effet moindre, même si je sais que c’est difficile j’aimerais avoir plus d’adresses ou de liens, merci en tout cas pour tout ce que vous faites💐🌷🌟👏🏻
Merci pour vos articles clairs et si intéressants ! … et principalement celui-ci. Cela fait du bien de savoir qu’un éminent médecin parle sans tabou de cette médecine intégrative. Si seulement nombreux de vos collègues ouvraient les yeux et ne se laissaient plus berner par les lobbys pharmaceutiques. Mais, en France, il leur faut du courage pour aller au-delà des éventuelles « représailles ».
Merci à vous, cordialement.
Bonjour, je vous remercie tout d’abord pour vos lettres toujours, instructives et bienveillantes . J’ai juste une petite question: est ce que vous pratiquez toujours l’ozonothérapie ?
Autrement pourriez vous m’indiquer un de vos confrère qui la pratique. Merci pour tout
Merci Docteur pour tous vos articles.
Je cherche un praticien en ozonothérapie pour une personne atteinte d’un cancer. Comment le trouver ?
Que pensez-vous des injections de vitamine C à haute dose pour le cancer ?
Bien cordialement.