Et mon petit zinc ?
Chère amie, cher ami,
Ils ont bel et bien disparu, ces comptoirs de bistrots en zinc de notre enfance, remplacés par le formica puis les plastiques. Çà et là, la mode rétro les a fait revenir mais ça n’est plus vraiment pareil !
Au-delà de ma nostalgie, il y a bien longtemps que je considère que le zinc représente un marqueur de santé :
- santé au présent ;
- santé, en devenir, c’est-à-dire qualité du vieillissement et atténuation des maladies en rapport avec l’âge.
Un rôle central, qui répare et protège !
Le zinc intervient, en tant que cofacteur dans plus de deux cents systèmes enzymatiques.
Il est essentiel au maintien de l’immunité qu’il s’agisse d’immunité humorale où il joue un rôle dans la synthèse des prostaglandines donc dans la régulation de l’inflammation ou d’immunité cellulaire liée à la synthèse des lymphocytes T.
Il augmente la synthèse de l’acide désoxyribonucléique (DNA) qui forme le support organique de notre génome.
Il diminue l’inflammation et la perméabilité intestinales et son oxydation par les polluants externes. En dehors de la maladie de Wilson [1] (où il stimule l’excrétion du cuivre) il améliore le métabolisme hépatique en s’opposant aux effets néfastes de l’alcool.
Il joue un rôle incontournable dans la réparation tissulaire d’où son importance en cas d’infection ou d’ulcères cutanés ou d’eschares, qui apparaissent lorsque l’on reste trop longtemps allongé(e).
Il intervient sur la qualité et la solidité des ongles ou des cheveux.
En cas de brûlure, on augmente son besoin en zinc et la supplémentation doit être en conséquence.
Il est essentiel à la croissance de l’adolescent, à la maturation et à la formation des cartilages (dits de conjugaison) au moment de la puberté. Son déficit est impliqué dans le nanisme.
Il joue un rôle important dans la spermatogénèse c’est-à-dire la synthèse des spermatozoïdes, dans les testicules, qui, selon de nombreuses sources diminue d’année en année [2]. Le statut en zinc doit donc être impérativement vérifié en cas d’infertilité.
C’est un cofacteur de la synthèse de l’insuline. Les diabétiques ou même les personnes résistantes à l’insuline devraient donc être plus attentives à leurs apports et leur statut en zinc. Il diminue l’agrégation plaquettaire, donc le risque d’accident vasculaire, cérébral et cardiaque auquel, en particulier, ces personnes sont exposées.
Antioxydant et antitoxique
On ne peut réaliser un bilan antioxydant complet sans une évaluation des taux de zinc car à lui tout seul le zinc est un antioxydant. Attention : l’amélioration de la diététique et/ou la supplémentation ne remontent pas toujours facilement ce taux.
Le cuivre est, avec le zinc, un cofacteur indispensable d’une enzyme antioxydante essentielle, la Super Oxyde Dismutase (SOD). Mais lorsqu’il est en excès, le cuivre peut avoir des effets néfastes sur le cerveau en s’opposant à l’action de la sérotonine. Le rapport Cuivre/Zinc ne doit donc pas être supérieur à 1,2. Une augmentation de ce rapport peut indiquer une mauvaise défense antioxydante et orienter vers un risque psychiatrique.
Zinc et allergies
Le zinc s’oppose à la libération d’histamine par le globule blanc spécialisé dans cette fonction que l’on appelle « mastocyte ». C’est donc un « antihistaminique » léger comme certains médicaments dont il peut d’ailleurs favoriser l’action.
Dans ce but on identifie plusieurs facteurs dont le manganèse, l’huile d’onagre, et la vitamine B6. C’est ainsi qu’il existe des « complexes zinc » associant, zinc, manganèse et vitamine B6 qui sont précieux en cas d’allergie. Personnellement je les recommande ainsi que les suppléments contenant des extraits d’œufs de caille que l’on trouve en magasins spécialisés.
Ces supplémentations associées à un traitement homéopathique, notamment avec « Apis » en basses dilutions, plusieurs fois répétées dans la journée permettent souvent d’éviter le recours aux médicaments antihistaminiques… qui ne sont pas dénués d’effets secondaires.
Zinc et croissance fœtale
Chez les fœtus de plusieurs espèces animales, une étude confirme qu’une carence en zinc s’accompagne d’une incidence accrue de malformations neurologiques.
Une étude [3] publiée dans une revue internationale rapporte que 580 femmes enceintes de l’Alabama dont le taux de de zinc plasmatique était bas, ont reçu une supplémentation en vitamines et éléments minéraux, avec adjonction de zinc ou non.
Le poids de naissance et le périmètre crânien moyens des enfants du groupe zinc étaient significativement plus élevés (126 g et 0,4 cm) que ceux des enfants du groupe non supplémenté en zinc.
Zinc, mémoire et cerveau
Le zinc augmente la synthèse des protéines, y compris dans le cerveau. Il a été démontré qu’une déficience même modérée en zinc pouvait altérer la capacité à acquérir des connaissances. Si vous avez un travail intellectuel intense pensez à vérifier vos statuts en zinc.
C’est d’ailleurs dans l’hippocampe, cette zone centrale du cerveau qui joue un rôle important dans la mémoire que l’on trouve, après les organes génitaux, les plus fortes concentrations de zinc.
Cicatrisation, perte de goût ou de mémoire : et si c’était le zinc ?
L’importance capitale du zinc est connue depuis les années 1930. On comprend donc que des apports et des statuts déficitaires, même limites, puissent avoir des conséquences graves immédiates et à plus ou moins long terme sur la santé et en particulier sur les risques infectieux.
Si vous avez des blessures qui cicatrisent mal, des infections récidivantes qu’il s’agisse d’infections cutanées (acné), de la gorge ou du nez, pensez-y !
Si vous avez tendance à perdre goût et/ou odorat et même si vous avez « la mémoire qui flanche », pensez-y également.
Certains recommandent même une supplémentation en zinc dès les premiers symptômes de rhume.
Quels sont les signes qui peuvent m’alerter ?
- Des infections fréquentes, en particulier chez l’enfant, avec des signes d’allergies qui peuvent témoigner d’une immunodépression. Dans ce cas il faut systématiquement rechercher des signes de malnutrition, d’anémie et de déficience en fer.
- Une perte d’appétit subite avec fatigue avec diminution du goût (agueusie) et/ou de l’odorat (anosmie).
- Des diarrhées chroniques sans explication qui ne doivent pas dispenser, surtout si cela n’a pas été fait de rechercher du sang dans les selles et/ou de faire une coloscopie.
- Des lésions cutanées avec épaississement et croûtes (kératoses) : péri oculaires, péri anales ou péri nasales… comme la perlèche, les lésions de la langue ou des gencives. On a aussi montré le rôle du zinc dans l’inhibition du virus de l’herpès. Si vous souffrez d’un herpès chronique, en plus du traitement homéopathique qui consiste à alterner au moins une fois par semaine des hautes dilutions de RHUS TOX et de VACCINOTOXINUM, pensez à faire vérifier votre statut en zinc et, si besoin à complémenter.
- Un ralentissement de la croissance, un retard pubertaire, une diminution de la fertilité ou une impuissance.
- Une chute diffuse de cheveux (alopécie) avec diminution de leur pigmentation, cheveux cassants et fins.
- Des taches blanches, fines et longitudinales sur les ongles.
- Une diminution de la vision nocturne (penser à associer en cas de supplémentation des carotènes et des fruits rouges).
- Une diminution de la recalcification des os et des cartilages.
- Une dépression, fatigue, hypersomnie, irritabilité, perte de la mémoire et des facultés intellectuelles.
Les sources alimentaires de zinc par ordre décroissant
- Fruits de mer et poissons (huîtres, harengs) qui sont les meilleures sources et les mieux absorbées
- Champignons
- Levure de bière
- Céréales germées et certaines céréales complètes ou même les laitages quand on les tolère
- Germe de blé
- Viandes (foies de porc et de veau)
- Noix
Les situations qui contribuent à rendre le statut déficitaire
C’est d’abord la malnutrition, telle qu’on l’observe dans beaucoup de pays, chez les personnes en grande détresse et en sous-alimentation et chez les migrants dont les signes les plus courants sont la sensibilité et la persistance des infections malgré les traitements répétés.
Les maladies chroniques intestinales comme les ulcères, et toutes les inflammations de la partie haute de l’intestin peuvent diminuer son absorption car c’est justement dans cette partie, duodénum et jéjunum, que le zinc est absorbé.
Le végétarisme est presque toujours une cause de carence parce que ce sont les produits animaux et marins qui apportent le plus de zinc. Le zinc en provenance des produits végétaux est moins bien assimilé et les végétariens ne se supplémentent pas toujours suffisamment en levure de bière, en germes de blé ou… ne supportent pas toujours les noix.
Les régimes végétariens, riches en fibres, le sont aussi en phytates [4] qui s’opposent à l’absorption du zinc.
L’alcoolisme chronique, souvent ignoré (parce qu’il peut être « mondain »), l’usage des contraceptifs oraux qui nécessite une supplémentation en zinc mais également en vitamine B6, folates (vitamine B9), vitamine C et vitamines E naturelles, la consommation répétée d’antibiotiques, l’hyper élimination de zinc telle que l’on peut l’observer chez les sportifs (qui en perdent beaucoup dans la transpiration), enfin la grossesse qui exige souvent une supplémentation en zinc pour la croissance fœtale, sont autant de cas à surveiller de près.
Il a été décrit des interférences cadmium/zinc ce qui permettrait de supposer que les grands fumeurs ou les personnes en situation de pollution intensive devraient également être supplémentées.
De même on a également supposé des interférences zinc/plomb qui pourraient conduire à proposer une supplémentation en zinc dans le cas d’intoxications au plomb.
Il faut savoir également que les substances utilisées pour augmenter l’élimination des métaux lourds (les chélateurs comme l’EDTA) peuvent augmenter également l’élimination du zinc.
On sait également que les polluants de type phtalates [5] et tous les plastifiants, chlorure de polyvinyle, inhibent l’absorption du zinc. L’utilisation des phtalates dans les biberons est maintenant interdite et elle est réglementée dans la fabrication des jouets car ces substances, répertoriées comme « perturbateurs endocriniens » participent partiellement aux troubles de la maturation sexuelle qui sont en augmentation.
Comment évaluer son « statut en zinc »
Il est difficile de doser le zinc dans ses différents « compartiments » : extra et intracellulaires, intracérébraux hépatiques ou prostatiques…
Le zinc plasmatique n’est pas un mauvais marqueur, mais il est peu affecté dans les déficiences légères.
Le zinc dans le sang total est le meilleur marqueur, il varie entre 61 et 129 µmol/l.
Le zinc érythrocytaire n’est pas un bon marqueur.
Le zinc sur sang total paraît donc un bon compromis.
Le zinc capillaire serait un assez bon marqueur du fait de son « turn-over » lent, mais il peut être perturbé par certains shampooings.
On peut également doser le zinc dans le sperme et la salive.
Comment, si besoin, se supplémenter en zinc
Le statut en zinc étant fortement dépendant des apports en protéines marines (huîtres, harengs…) c’est d’abord les apports en protéines auxquels il faut s’intéresser.
Un peu comme pour le magnésium, les sels de zinc couramment trouvés en pharmacie ne sont pas les meilleurs : ce sont les sulfates, les pidolates et les lactates qui ont les mêmes inconvénients que les sulfates, pidolates et lactates de magnésium.
C’est le zinc dit « chélaté aux protéines » ou encore le bisglycinate de zinc qui constituent les meilleures supplémentations.
Le manganèse, la vitamine B6 et les formes naturelles de vitamine E (dont les gamma tocophérols) sont considérés comme des cofacteurs du zinc. La vitamine D n’interfère pas dans son métabolisme mais augmente son absorption.
Le zinc sera d’autant mieux absorbé qu’il est pris en même temps que ses cofacteurs (manganèse et vitamine B6) d’où l’intérêt de formes spécifiques avec les cofacteurs (en particulier pour traiter les terrains allergiques, les peaux sèches, les cheveux fins et cassants) en y associant de fortes doses d’huile d’onagre, de la silice et des complexes multiminéraux et multivitaminiques, comme le DAILY 3.
Inconvénients et risques
Certaines personnes ont des nausées lorsqu’elles se supplémentant en zinc, et ce, quels que soient les types de supplément. Il est facile de contourner ce problème en leur demandant de prendre les suppléments en cours ou en fin de repas.
Il n’existe pas, à ma connaissance, de descriptions d’hyperzincémie, en dehors de cas très marginaux d’intoxication aigüe ou chronique par inhalation de vapeur riche en oxyde de zinc. Certaines dialyses rénales ont pu conduire, au début, à des hyperzincémies. Cela n’est plus le cas aujourd’hui.
Conclusions
La déficience en zinc est presque aussi fréquente dans nos populations que la déficience en fer et favorise aussi des états de fatigue, d’allergie chronique quelle qu’en soit la cause.
Le zinc doit être pris à faibles doses et associé à ses cofacteurs que sont le manganèse et la vitamine B6.
Dans tous les états de type « allergique » ou « auto-immun » l’association de zinc et d’huile d’onagre dans le cadre d’une diète « hypoallergénique » éliminant les aliments à base de blé et les produits laitiers est très souvent salutaire.
Dominique Rueff
quand un arbre perd ses fruits avant maturité ,il fait une carence en bore et zinc- de même pour la vigne lorsque les grains sont de différents calibres sur la grappe ( millerandage )
🙂
Bonjour.merci pour vos articles je voudrais savoir combien de fois par mois on peu manger des fruits de mer j ‘adore les huitres je suis une ancienne patiente de votre cabinet de Cannes encore merci Docteur bonne journée a vous j habite dans les alpes du sud cordialement .
merci docteur
Bjr Dr, votre lettre est vraiment intéressante même si je ne comprends pas tout. Je suis en admiration devant vos connaissances.
Merci mille fois de nous en faire part. En plus vous faites l’effort de vulgariser votre propos pour toucher le plus grand nombre. Bravo.
J ai lu que le gluconate de zinc était également très assimilable
Bonjour Docteur,
Encore l’un de vos précieux conseils : vaut-il mieux se supplémenter simultanément en zinc dit « chélaté aux protéines » ou encore le bisglycinate de zinc + Daily 3 (voire Daily 6) ?
J’ai consulté la liste des ingrédients de Daily 6 et ne suis pas certaine qu’il associe également Zinc_Manganèse_Vitamine B6 que vous préconisez. Encore une autre question : faut-il éviter tout supplément comportant du fer dans sa formule ?
Je vous remercie infiniment pour la réponse que vous aurez peut-être le temps de me donner. Chris
Mille excuses, j’ai la réponse à ma question…
En vous relisant bien, oui, vous préconisez d’associer la prise de zinc dit « chélaté aux protéines » (ou bisglycinate de zinc) au Daily 3 .
Avec mes remerciements pour vos conseils toujours bienveillants, documentés et calmes.
Bonjour, merci des infos.
Le HIC c est que nos médecins ne veulent Absolument pas nous prescrire ces recherches lors d une prise de sang.
Suite à un de vos articles, j avais demandé et bing, c était NON …. et alors comment fait on ?
comme d’habitude, sujet passionnant, mais qu’en est-il lorsqu’une personne a trop de zinc ?
que faut-il faire pour rétablir l’équilibre ?
merci d’avance pour vos conseils.
cordialement
Bonjour.
Peut on avoir un apport en zinc avec des graines de lin et de courges?
Merci pour votre réponse.
Cordialement.
Pourriez vous s’il vous plaît, indiquer le nom de laboratoires sérieux proposant un complément sous la forme bisglycinate de zinc Avec en plus les co facteurs qui constituent les meilleures supplémentations.
Merci et félicitations pour votre travail d’information
Bonjour docteur
Vous ne parlez pas de la splémentation en zinc et un cancer déclaré.
Je lis que le zinc favorise la prolifération des cellules cancéreuses.
Qu’en pensez-vous ?
Bonne journée
On a aussi montré le rôle du zinc dans l’inhibition du virus de l’herpès : pourriez vous plus détailler (existe t-il des études la dessus et si oui lesquelles?) ou donner une référence une source où je pourrais plus me documenter
merci d´avance
[…] [7] https://www.lettre-docteur-rueff.fr/et-mon-petit-zinc-2/ […]