Comment mieux maîtriser vos peurs ?
Cher ami, chère amie,
Je vous écris cette lettre dans la continuité de celle que je vous ai envoyée le 12 août, intitulée : « Au-delà de vos peurs ». Elle vous a fait beaucoup réagir et je vous en remercie. J’ai tenté de vous expliquer la nécessité d’un travail personnel intérieur afin de dépasser vos peurs. Aujourd’hui, je voudrais vous parler des mécanismes hormonaux qui peuvent vous aider à maîtriser ces peurs.
Il y a tellement à dire sur le sujet, que je consacrerai une troisième lettre sur d’autres moyens intéressants de moduler la peur, grâce aux nutriments et aux plantes.
Les symptômes de la peur
On ne peut vraiment combattre que ce que l’on connaît, d’où l’importance de ce qui va suivre.
Avez-vous déjà été confronté(e) à des symptômes tels que :
- Des tremblements incontrôlables et soudains ;
- Une transpiration inattendue de la tête, des mains ou de tout le corps ;
- Des nausées, sans aucune raison digestive ou de brusques douleurs abdominales ;
- Une impression d’étouffement, de gorge serrée, de poids sur la poitrine ;
- Des troubles du sommeil inhabituels ;
- Une envie constante d’uriner ;
- Des palpitations dans la poitrine, un battement cardiaque accéléré ;
- Des sensations de chaleur avec rougissements du visage ou des extrémités ;
- Une difficulté soudaine à trouver vos mots et à vous exprimer ?
Tous ces symptômes traduisent une manifestation physique de la peur. Beaucoup consultent pour ces symptômes, ce qui met souvent le thérapeute en grande difficulté, car il doit alors pouvoir s’assurer qu’ils ne sont pas en rapport direct avec un vrai trouble physique ou organique :
- Les tremblements ou les difficultés d’expression sont-ils neurologiques ?
- Les nausées sont-elles en rapport avec un problème intestinal non diagnostiqué ?
- Les palpitations sont-elles la conséquence d’un vrai problème cardiaque ?
- Faut-il effectuer un examen clinique minutieux, et des examens complémentaires ? Sachant que ces derniers peuvent aussi conduire à de longs, coûteux et inutiles parcours de soins. Le recours au spécialiste – cardiologue, psychiatre, pneumologue, urologue… – peut être requis, mais il n’est pas toujours facile ni rapide à mettre en œuvre.
D’autre part, le médecin généraliste a-t-il toujours le temps et la possibilité de faire un interrogatoire, un examen clinique complet et minutieux lorsque sa salle d’attente déborde ? C’est, cependant, son devoir de s’assurer que ces symptômes ne sont pas d’origine physiologique avant de proposer une démarche thérapeutique, qu’elle soit médicamenteuse ou psychothérapique, ou combinant les deux. La facilité conduit malheureusement, bien souvent, à prescrire une trop grande quantité d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs. C’est la solution la plus rapide.
Pourtant, un simple interrogatoire permettrait déjà de mieux identifier l’origine de certaines peurs, de rassurer et d’éviter une décision trop rapide. Voici les questions que l’on pourrait poser au cours de cet interrogatoire :
- Y a-t-il une maladie connue ou même familiale qui pourrait expliquer ces manifestations ?
- Y a-t-il un manque de confiance en soi, une dévalorisation, une peur de ne pas réussir, un complexe d’infériorité inavoué vis-à-vis de sa famille, de son environnement familial ou professionnel ?
- Y a-t-il un facteur déclenchant : deuil ? déménagement ? séparation ? agression physique ou verbale ? perte d’emploi ? dégradation quelconque d’une situation de vie ?
- Y a-t-il une médication chronique et si oui, est-elle bien adaptée ? Un anti-hypertenseur mal toléré ou à doses trop fortes peut provoquer de graves troubles chez une personne âgée notamment.
- Note-t-on une consommation de stupéfiants ou une consommation excessive d’alcool et/ou de tabac, pour se calmer ?
- Y a-t-il des changements de mode de vie : alimentation, hydratation, régime trop strict, mal toléré ou inapproprié ?
- Y a-t-il des problèmes de revenu, d’habitat, de climat ou plus généralement de confort de vie ?
- Ces problématiques se sont-elles déjà produites dans le passé et si oui, comment ont-elles été résolues ?
- Y a-t-il une situation traumatisante dans le passé, l’enfance, qui n’a jamais été évoquée et donc traitée ?
- Y a-t-il des désirs inexprimables ou inavouables qui ne sont pas clairement manifestés ?
Avec ces dernières questions, on aborde le travail du psychologue ou psychothérapeute qui, le plus souvent, n’est pas du seul ressort du premier thérapeute consulté. C’est pour cette raison que je me suis toujours entouré de « thérapeutes bienveillants du psychisme » vers qui j’oriente mes patients, quelle que soit leur maladie ou les symptômes qu’ils manifestent, et les peurs qui peuvent en être à l’origine.
Dans la conclusion de ma lettre précédente, j’ai évoqué le fait que le seul et définitif remède contre la peur était l’amour, qui se manifeste par la compassion et mieux encore, par l’empathie[1]. Car savez-vous qu’il y a une hormone de l’amour, et que vous avez les moyens de l’augmenter ?
L’hormone de l’amour et les moyens d’augmenter son taux
L’hormone de l’amour est appelée scientifiquement l’ocytocine. Elle est sécrétée par l’hypothalamus au centre de notre cerveau, dans certaines situations. Son nom est tiré des termes grecs « okus » et « tokos », qui signifient « accouchement » et « rapide ». Elle est en effet produite lors de l’accouchement pour le rendre moins douloureux, et lors de l’allaitement où la succion déclenche sa sécrétion. Elle favorise le bien-être, la confiance en soi et en l’autre. C’est pour cette raison qu’on la nomme également l’hormone de l’attachement et de la sociabilité. Fait intéressant, l’ocytocine est sécrétée plus particulièrement par tous les primates monogames (bien plus que tous les autres mammifères).
Il semble que les personnalités dépressives, y compris les enfants, soient en manque d’ocytocine[2]. Des tests cliniques ont étudié les effets de l’administration de cette hormone en spray[3], par voie nasale, mais à l’heure actuelle, les conclusions des chercheurs ne sont pas toutes positives[4]. C’est pour cela qu’il me semble plus judicieux de proposer d’autres moyens, à « votre portée », d’augmenter votre taux d’ocytocine :
- Les rapports sexuels augmentent les taux d’ocytocine, mais aussi les câlins, les bisous, l’affection, les caresses, les bonnes relations entre amis, les sourires de nos enfants et même caresser nos animaux de compagnie.
- Toute parole réconfortante comme un compliment, est un moyen d’augmenter l’ocytocine autant pour celui ou celle qui la prononce, que pour celui ou celle qui la reçoit.
- L’écoute attentionnée de l’autre, sans jugements ni à priori, est un autre moyen.
- L’exercice physique est également un bon moyen d’augmenter l’ocytocine et il n’est pas nécessaire, pour cela, de fréquenter assidument les salles de sport : quoi de plus plaisant qu’une bonne marche qui vide notre cerveau de toute pensée parasite.
- La lente dégustation d’un savoureux repas.
- Les bains chauds sont un autre moyen d’augmenter sa sécrétion d’ocytocine.
- La méditation, qui elle aussi a pour but de débarrasser notre cerveau de toute pensée récurrente ou agressante, est un autre excellent moyen.
- Certains chantent à tue-tête, écoutent une musique apaisante, ou dansent seul(e)s dans leur cuisine : ils ont raison, c’est un bon moyen d’augmenter le taux d’ocytocine !
- De même le massage que l’on donne ou reçoit.
- Ne négligez pas, non plus, votre alimentation : la banane, l’avocat, les fruits de mer, les sardines, le thon rouge, le flétan sont riches en zinc, magnésium, vitamines B et acides gras oméga-3. Ajoutez du gingembre, lui aussi riche en zinc, des graines de courge, de chia ou de sésame à saupoudrer sur vos salades. Mangez des aliments fermentés pour stimuler votre « deuxième cerveau », comme des cornichons, de la choucroute, du kimchi, des yaourts, des fromages fermentés et des pickles de légumes.
Toute attitude volontairement positive vis-à-vis de soi-même ou de l’autre est un des meilleurs moyens d’augmenter les taux de cette hormone de l’amour, et donc de chasser la peur. C’est pour cette raison que le thérapeute bienveillant[5] (c’est-à-dire qui vous accepte comme vous êtes et ne vous juge pas) recherche les traumatismes du passé, conscients ou inconscients, à l’origine de peurs et qui s’expriment souvent des années plus tard, par des douleurs ou des tensions musculaires. C’est un travail qu’il est difficile de faire seul. C’est aussi le but de cette thérapie que l’on nomme « psychogénéalogie »[6]–[7]. Selon cette approche, nos traumatismes ne sont pas seulement des traumatismes personnels, ils peuvent être familiaux, avoir été vécus par nos ancêtres, et intégrés dans notre psychisme de façon totalement inconsciente. En ce sens, la pratique des « constellations familiales » peut se rapprocher de la psychogénéalogie. Mais attention au choix de votre thérapeute : assurez-vous de ses compétences et de son expérience afin de ne pas être victime d’une dérive sectaire ou trop intéressée.
Le but avec ce genre d’approche est de se mettre en paix avec toute sa lignée, son environnement et finalement soi-même et l’univers, pour ainsi se guérir et apaiser ses peurs. Voilà pourquoi tenter[8] de cultiver une attitude de paix par l’intermédiaire de l’ocytocine offre une vraie prévention des peurs et de la dépression.
L’hormone de la résistance à la peur
Il y a une autre hormone qu’il est intéressant de connaître. Comme nous l’avons vu dans la lettre précédente, c’est cette petite région du cerveau que l’on nomme « amygdale » qui, excitée, déclenche la réaction de stress et de peur. Mais c’est le cortisol, une hormone sécrété au sein de nos glandes surrénales[9], qui signale à notre organisme qu’il est en état de confrontation à la peur. Pour cette raison, il n’est pas forcément judicieux d’appeler le cortisol « hormone du stress » : le stress n’est que le facteur extérieur déclenchant, c’est bien la peur et l’angoisse qui affectent tout notre métabolisme.
Comme la réaction de notre amygdale, la sécrétion de cortisol par nos glandes surrénales faite partie des moyens ancestraux que la nature a mis à notre disposition pour réagir en cas d’agression : fuir ou combattre !
Ce sont les excès, en intensité et en fréquence, de ces réactions qui altèrent notre équilibre et notre santé. Les pics de cortisol affectent également notre sommeil, notre tension artérielle et augmentent le risque cardiovasculaire[10]. Lorsque les glandes surrénales sont épuisées, on risque le « burn-out[11] », porte d’entrée de la dépression.
Il est possible d’évaluer votre taux de cortisol. Il consiste en un dosage salivaire au réveil et 30 minutes après (on l’appelle le « cortisol awakened response » ou CAR). C’est un dosage facile à faire dans de nombreux laboratoires d’analyses, en ville ou sur Internet, qui coûte moins de 50 €. On peut également mesurer le rapport cortisol/DHEA[12]–[13] dans les urines, dans ces mêmes laboratoires d’analyses biologiques spécialisés ; c’est un véritable indice de situation de stress chronique, lorsqu’il est trop élevé.
Afin de soutenir le métabolisme des glandes surrénales et d’éviter le « burn-out », en plus des moyens que je vous ai suggérés ci-dessus, on recommande de ne pas abuser des excitants comme le café, et de manger suffisamment salé, car le sel stimule les glandes surrénales (évitez cependant d’en abuser, pour préserver la santé de vos reins). Vous pouvez également respirer, matin et soir, des huiles essentielles d’épinette noire et de pin sylvestre[14]. On les trouve sur Internet chez de nombreux revendeurs comme Onatera ou Louis l’Herboriste. Mais le complexe nutritionnel que je propose en première ligne est le « Cortirégul® »[15] du laboratoire Copmed. Ce complexe contribue à maintenir la stabilité émotionnelle, à surmonter le stress, la fatigue, et bien sûr à réguler le taux de cortisol grâce, notamment, à la vitamine B5 et aux deux plantes dites « adaptogènes » : l’ashwagandha et l’éleuthérocoque (aussi appelés ginsengs indien et sibérien).
Ce sont ces nutriments et plantes adaptogènes que j’aborderai plus en détail dans la prochaine lettre. Elles représentent, pour moi, la touche finale que l’on doit proposer, avec l’éducation, l’information, la thérapie et l’invite à la méditation, pour s’extraire de ses peurs présentes et à venir.
Prenez soin de vous,
Docteur Dominique Rueff
Merçi de préçiser que l’ashwagandha et l’éleuthérocoque sont interdites pour les maladies auto-immunes çar elles sont immuno-stimulantes, je n’ai plus çonfiançe en vos lettres çar pour moi ç’est vital merçi pour votre çompréhension