Ces plantes que j’aime et qui font tant de bien
Chère amie, cher ami,
En plus de quarante années de pratique médicale, j’ai eu le temps de mesurer leurs effets et de les apprécier : je parle des « teintures mères » de plantes que je préconisais en complément d’autres traitements nutritionnels ou homéopathiques.
La « teinture mère » (TM) est une forme particulière de phytothérapie qui a ses avantages et ses inconvénients mais qui ne représente pas toute la phytothérapie.
D’ailleurs je ne me prétends pas « phytothérapeute ». La phytothérapie est un monde en soi, et d’autres le connaissent bien mieux que moi. Cette discipline, outre les « teintures mères », utilise bien d’autres formes : infusions, décoctions, hydrolats, gélules de plantes sèches ou d’extraits standardisés…
Ma seule ambition est de vous transmettre mon expérience à propos de quelques plantes qui ont rendu à mes patients de grands services et que je connais bien.
Pourquoi les « teintures mères » ?
Parce qu’il y a encore peu, les teintures mères (TM) étaient facilement accessibles en pharmacie car fabriquées et distribuées par les grands laboratoires homéopathiques.
De législations en législations, beaucoup ont disparu et ne sont plus délivrées qu’en dilution homéopathique par ces laboratoires. On les trouve cependant sur certains sites Internet ou sous forme de gélules en compléments alimentaires mais les prix ont souvent augmenté.
Pour chaque plante dont je vous parlerai, je vous indiquerai le moyen le plus simple de vous la procurer. Sur les « teintures mères » distribuées en pharmacie, le degré en alcool est de 55 % et la quantité d’alcool dépendra donc du volume de la prise. Vingt à trente gouttes de TM correspondent environ à un volume de 1 millilitre, que je n’aime d’ailleurs pas dépasser en administration quotidienne.
Ce qu’il y a dans ces flacons
C’est une macération hydro-alcoolique : la plante doit macérer pendant trois semaines dans de l’alcool de grain pur entre 60° et 95°. Ce mélange est régulièrement remué à l’abri de la lumière afin que le liquide se charge des principes actifs de la plante utilisée. Il est ensuite filtré, pour ne garder que la solution liquide. Il y a également « des teintures mères » à base de plantes sèches, mais dans ce cas les principes actifs seront moins concentrés.
Cette forme d’extraction, parfaitement codifiée, contient une très faible dose résiduelle d’alcool : 0,1 gramme d’éthanol pour 10 gouttes de TM qui est cependant suffisante pour la contre-indiquer pendant la grossesse, l’allaitement, chez les jeunes enfants, chez les personnes sensibles ou désintoxiquées à l’alcool.
Volontairement et pour ne pas alourdir ce texte, je ne citerai que les indications et contre-indications que j’ai rencontrées en vous précisant, pour chaque plante, le moyen de vous la procurer facilement et les posologies. Je conseille souvent de les diluer dans un litre d’eau (ou plus en cas de forte chaleur) à boire dans la journée ; on peut bien entendu les mélanger.
Je précise que la plupart des formes dites « bourgeons », diluées en macérâts glycérinés, sont distribuées en pharmacie en dilution dite « 1DH » mais que l’on trouve sous forme plus concentrée dans des laboratoires accessibles par le net ou par courrier comme par exemple « La Royale »[1]. La plupart des bourgeons ou leurs mélanges exigent des posologies de 60 à 150 gouttes par jour diluées dans un litre à l’exception de certains comme le cassis (Ribes nigrum) qui pourra être conseillé à des doses de plus du double.
Certaines TM sont disponibles en pharmacie ; d’autres, plus difficiles à trouver, sur certains sites Internet que je préciserai.
Le marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum) : pour la circulation veineuse
Le marronnier d’Inde est bien connu pour ses indications de tonique veineux, lourdeur des jambes, tendance aux varices et varicosités, aux ulcères… et de calmant hémorroïdal. En phytothérapie, il est plutôt utilisé sous la forme de bourgeons en 1DH. On le trouve également dans de nombreuses crèmes et pommades anti-hémorroïdaires et des formules dites « composées » (en pharmacie) associé à d’autres souches comme « hamamélis », « Hydrastis », « Viburnum prunifolium ». En bourgeons, la posologie est d’une centaine de gouttes par jour.
La bardane (Arctium lappa): pour la peau
La bardane commune, pourtant très répandue dans nos campagnes, est de plus en plus difficile à trouver sous forme de teinture. Le site « Ma boutique au naturel »[2] propose un extrait fluide du laboratoire Ponroy facile à utiliser.
La bardane est pourtant un bon remède (parfois complémentaire) des affections et infections cutanées quand elles sont purulentes : dermatoses suintantes, acnés, furoncles.
Elle peut être utilisée localement et on conseille dix à vingt gouttes par jour.
L’arnica (Arnica montana) : pour les chocs physiques et psychiques
L’arnica est un remède universellement connu qui, appliqué très vite après un choc ou une contusion, accélère la guérison de l’hématome. On le trouve partout, en pharmacie, en teintures, en crèmes, en huiles et même en dilutions homéopathiques. C’est un remède « du choc » et certains prétendent qu’en très haute dilution homéopathique il deviendrait un remède traitant les conséquences de chocs très anciens ou de chocs psychiques.
L’avoine (Avena sativa): contre la fatigue et les insomnies
La teinture d’Avena sativa (avoine) peut améliorer l’endormissement de ceux qui souffrent d’agitations de membres inférieurs.
On trouve également de l’avoine dans un complément alimentaire que je conseille souvent chez les personnes fatiguées avec un complexe contenant, entre autres, de la tyrosine.
En journée, la teinture d’avoine est un tonique qui aide à lutter contre la fatigue. La légende rapporte que les palefreniers de Louis XIV en ajoutaient dans la ration des chevaux avant la course. On dit également qu’elle agit comme un antidote chez les consommateurs de drogues dures et chez ceux qui souffrent d’alcoolisme.
Pour le sommeil, je conseille une quarantaine de gouttes, avec d’autres dont je reparlerai, comme la valériane, le houblon, ou l’eschscholtzia, dans une infusion de mélisse ou fleur d’oranger, ou 60 à 80 gouttes de mélange. Pour « la forme », prenez avant chaque repas une vingtaine de gouttes de teinture.
La berbérine (Berberis vulgaris) : en complément de vos traitements antidiabétiques ?
La racine de berbérine, ou épine vinette, est un grand classique du drainage chez les rhumatisants ainsi que pour contribuer à soigner les lithiases urinaires et soulager les douleurs mais, dans ce cas, il est plutôt employé en basses dilutions homéopathiques (3DH).
La médecine ayurvédique l’a popularisée pour son activité de stimulation de la sécrétion d’insuline et donc son activité antidiabétique. La berbérine est distribuée avec cette indication sur Internet et c’est ainsi que je la préconise aujourd’hui pour remplacer ou compléter certains antidiabétiques qui ne sont pas toujours facilement supportés. Je conseille 1 000 milligrammes d’extrait matin et soir, mais attention, l’action ne se fait sentir qu’après une prise régulière de quelques mois associée à une prise d’au moins 500 milligrammes matin et soir d’extrait standardisé de cannelle, sans oublier le chrome et le zinc.
La boldo (Peumus boldus) : pour mieux digérer
La boldo, qui est devenue célèbre à cause de la tisane Boldoflorine, est un stimulant général de la digestion gastrique et hépatique. En basse dilution (3DH), beaucoup d’homéopathes l’associent, dans cette indication, à Taraxacum (le pissenlit), Chelidonium (la chélidoine), Cynara (l’artichaut). On la trouve dans un complexe draineur digestif et « détox », associée au pissenlit, l’artichaut, la bardane (drainage de la peau, voir ci-dessus), le brocoli, le chardon-marie, le radis noir et le desmodium, en extrait standardisé dosé à 70 milligrammes par gélule.
Le souci des jardins (Calendula) : pour désinfecter
La teinture-mère de calendula ou souci des jardins est un désinfectant universel que l’on trouve en pharmacie. Contrairement à l’arnica dont il partage les propriétés, on peut l’appliquer sur une plaie ou dans la bouche. Il accélère la cicatrisation, diminue les suites de contusion, l’inflammation, les douleurs, les suppurations, les ulcérations. Je le conseille en cas de plaie buccale ou à la suite de piqûres d’insectes. On le trouve dans de multiples pommades, crèmes ou huiles pour la peau. Pour les inflammations digestives, on dilue une cuillère à café de TM avec 3 cuillères à café d’eau. En usage externe, on peut l’appliquer pure avec une trentaine de gouttes d’argent colloïdal dans toutes les infections et suppurations.
Le chardon-marie (Carduus marianus) : pour détoxiquer votre foie
Le chardon-marie reste l’un des plus grands détoxiquants hépatiques avec le desmodium. On le trouve en pharmacie, et en extrait standardisé (silymarine) en complément alimentaire comme le célèbre « Sily Vital ». Quelle que soit l’origine du problème hépatique, qu’il s’agisse d’une infection virale, d’une intoxication médicamenteuse ou alimentaire, il redonne de l’énergie, diminue les céphalées frontales ou au-dessus des yeux, aide à retrouver une langue propre et à perdre la sensation d’amertume dans la bouche. Il contribue (avec les traitements spécifiques) à diminuer l’ictère cutané, à clarifier les urines, à diminuer les douleurs hépatiques et vésiculaires et l’acidité digestive. Je conseille une quinzaine de gouttes dans un peu d’eau tiède avant les repas ou un comprimé de « Sily Vital » deux à trois fois par jour en accompagnement des traitements à forte toxicité hépatique. Associé au curcuma[3], seul[4] ou combiné à des traitements spécifiques, voire de la radiothérapie, il permettrait de ralentir la croissance de certains cancers et d’améliorer l’effet des traitements tout en contribuant à protéger l’organisme.
La chélidoine (Chelidonium majus) : pour la digestion et contre les verrues
La grande chélidoine ou « herbe à verrue » contient trois alcaloïdes, tous efficaces dans le cas d’inflammation hépatique. On a de plus en plus de mal à la trouver tant sur Internet qu’en pharmacie où elle n’est disponible qu’à partir de la 4CH.
On l’utilise en usage externe pour éliminer les verrues : quelques gouttes du suc contenu dans la tige fraîche et déposées localement permettent de venir à bout de ces infections cutanées. À défaut de plante fraîche dans votre jardin, la teinture-mère donne les mêmes résultats.
Je ne la trouve que sur Internet, sous forme bio et en flacons de 50 ml, chez l’herboristerie de Louis qui propose de l’associer pour le traitement des verrues à l’huile essentielle de tea tree et de sarriette des montagnes.
L’aubépine (Crataegus oxyacantha) : contre les palpitations
L’aubépine est un grand stabilisateur du rythme cardiaque et calme bon nombre de palpitations sans gravité (à faire vérifier par un électrocardiogramme). On la trouve en gélules de plante fraîche et associée au magnésium ou à des plantes sédatives comme la mélisse ou l’eschscholtzia (voir plus loin) dans de nombreuses spécialités pharmaceutiques. Elle est en elle-même un calmant léger du système sympathique, légèrement anxiolytique et ne provoque pas d’accoutumance. Elle peut contribuer à la résolution des douleurs d’origine cardiaque, renforcer la contraction du cœur, rehausser une tension artérielle trop basse et diminuer les symptômes d’insuffisance cardiaque (œdèmes). Personnellement je préfère la conseiller en gemmothérapie (bourgeons) à la dilution de 1DH. Une centaine de gouttes par jour en trois prises ou diluées dans un litre d’eau a une action réellement régulatrice et apaisante sur la symptomatologie cardiaque.
La damiana (Turnera aphrodisiaca) : pour la libido et contre le stress
La damiana ou Turnera aphrodisiaca est un tonique sexuel chez l’homme comme chez la femme, où elle aide à retrouver un multi-équilibre hormonal. On peut l’associer dans cette indication à la maca ou au Tribulus Terrestris que l’on trouve dans de nombreux compléments alimentaires. Elle est adaptogène[5] et augmente notre résistance au stress, comme la rhodiola ou l’Ashwagandha. Je conseille une quinzaine de gouttes matin et soir car elle ne perturbe pas le sommeil et n’a pas de contre-indications.
L’échinacée (Echinacea angustifolia) : contre les infections
L’échinacée est considérée comme l’un des anti-infectieux majeurs de la pharmacopée, capable de faire baisser la fièvre. Son action n’est ni directe ni immédiate contre les bactéries. Elle s’opère grâce à une stimulation des cellules immunitaires spécialisées comme les leucocytes. On la trouve en TM en pharmacie, et dans de nombreux compléments alimentaires comme dans le Propoplant où elle est associée aux huiles essentielles d’eucalyptus, de thym, de thuya ainsi qu’à l’ispaghul et à la propolis, très utile contre les infections respiratoires hautes. Dans le Sinus Vital, elle est associée au thym et à nombre d’autres plantes qui permettent, en quelques jours, de réduire les symptômes et surtout les douleurs et œdèmes de la sinusite. En TM je conseille régulièrement toutes les 3 heures une dizaine de gouttes dans de l’eau avec magnésium, zinc et vitamine C en poudre et je demande de l’appliquer localement, diluée, sur le front : une cuillère à soupe pour un bol d’eau chaude avec quelques huiles essentielles de thym et d’eucalyptus.
La prêle des champs (Equisetum arvense) : pour retrouver votre énergie
La prêle des champs ou « silice végétale » est probablement la forme de silice la mieux assimilable, donc fortement reminéralisante. Je la conseille dans les états de fatigue, après une maladie infectieuse et dans tous les états de déminéralisation, en traitement d’appoint (avec la vitamine D et la vitamine K2) dans l’ostéoporose et la recalcification des fractures. Rudolf Steiner[6] disait que la silice reconnecte l’humain avec la lumière et l’énergie. Il en faisait un élément essentiel, non seulement pour la santé humaine mais pour l’agriculture biodynamique[7] : on comprend alors son action défatigante et stimulante du système immunitaire. On trouve la teinture mère en pharmacie.
Je conseille souvent 20 à 30 gouttes, trois fois par jour, de teinture mère. Ces doses peuvent cependant être augmentées en cas de grande fatigue ou de déminéralisations à la suite d’hémorragies ou de maladies infectieuses.
Le pavot de Californie (Eschscholtzia californica) : pour mieux dormir
Le pavot de Californie est un grand classique dans le traitement des troubles du sommeil. Pendant longtemps, on le trouvait facilement en teinture mère et il n’était pas rare de l’associer à la valériane, la passiflore, la mélisse ou le houblon. Je conseillais alors deux prises de ce mélange de TM, l’une à prendre après le dîner, l’autre au coucher avec un comprimé de bisglycinate de magnésium et pour certains de la mélatonine, soit sous forme immédiate (1 milligramme) lorsque l’on a affaire à des troubles de l’endormissement, soit sous forme retard (3 milligrammes) lorsque le sommeil est de mauvaise qualité. Lorsqu’un léger trouble dépressif est sous-jacent il est bien d’associer une ou deux ampoules (d’1 milligramme) de Granions de lithium.
Cette plante sédative et anxiolytique qui peut aider à se sevrer des somnifères (benzodiazépines) n’est malheureusement plus disponible qu’en compléments alimentaires, soit sous forme de gélules, soit sous forme de comprimés.
Prenez soin de vous,
Docteur Dominique Rueff
Pour accéder aux programmes vidéo du Docteur Rueff, cliquez sur ce lien
[1]http://www.la-royale.com/
[2]http://www.maboutiqueonaturel.com/
[3]http://www.cancer.be/complementsalimentaires/curcuma
[4]http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=cancer-colon-curcumine-silymarine-curcuma-cellules-cancereuses
[5]https://www.floramedicina.com/plantes-medicinales-adaptogenes
[6]http://www.soin-de-la-terre.org/wp-conthttp://www.bio-dynamie.org/biodynamie/ent/uploads/La_silice_%C3%A9l%C3%A9ment_oubli%C3%A9_de_l_agriculture_Nicolaus_Remer_c.pdf
[7]http://www.soin-de-la-terre.org/wp-conthttp://www.bio-dynamie.org/biodynamie/ent/uploads/La_silice_%C3%A9l%C3%A9ment_oubli%C3%A9_de_l_agriculture_Nicolaus_Remer_c.pdf
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