Le CBD et la santé (1ère partie : cannabinoïdes et système endocannabinoïde)

Chère amie, cher ami,

C’est un beau cadeau de Noël pour les utilisateurs de fleurs de CBD (ou Cannabidiol) : le 22 décembre 2022, le Conseil d’Etat français a levé l’interdiction gouvernementale de commercialisation de ce produit, en affirmant qu’il est impossible de l’interdire puisque ce n’est ni un psychotrope, ni un stupéfiant.

Le Cannabidiol ou CBD est un composé majeur de la plante de cannabis (ou chanvre), qui contient de nombreuses vertus que je m’apprête à détailler.

Il est généralement utilisé sous forme de solution huileuse à usage perlingual (à des concentrations différentes pouvant aller de 5 à 30%), mais également sous forme de sprays, en infusions et en applications locales (baumes, patchs). On le trouve même dans les solutions destinées au « vapotage » pour les cigarettes électroniques.

La méfiance populaire à son égard vient de la confusion entre CBD et Tétrahydrocannabinol (THC), la substance bien connue pour ses effets psychotropes. C’est le THC qui contribue à modifier l’état de conscience du consommateur. Quand on parle de consommation récréative du cannabis, on fait généralement référence à un produit riche en THC. Ce dernier reste, pour l’heure, interdit à la consommation et à la vente en France.

Le CBD et le THC font partie des 113 substances dites cannabinoïdes que l’on isole dans la plante de cannabis. Ce sont des composés naturels de la plante.

Le potentiel thérapeutique du CBD a été étudié lorsque l’on a découvert que notre corps possédait ses propres cannabinoïdes : les endocannabinoïdes.

Le Système EndoCannabinoïde (SEC)

C’est un système de communication commun à tous les mammifères et donc les êtres humains. Le système endocannabinoïde¹ (SEC) veille à l’homéostasie du corps, c’est-à-dire à l’équilibre fonctionnel, notamment dans la gestion du stress, de l’appétit, du sommeil et de la régulation du rythme cardiaque.

Il est composé :

• De molécules (messagers) cannabinoïdes endogènes (internes) comme l’anandamide², et exogènes (externes) comme le THC ;
• De récepteurs cannabinoïdes, CB1 et CB2, situés sur les parois de nombreuses cellules ;
• D’enzymes chargées de la dégradation ou de la synthèse de ces messagers cannabinoïdes.

Les endocannabinoïdes

Ce sont des dérivés d’acides gras insaturés formés à partir de lipides provenant des membranes cellulaires :

• l’anandamide qui se fixe sur les CB1 ;
• la 2-arachidonoylglycerol qui se fixe sur les CB2.

Ces endocannabinoïdes sont utilisés comme des neurotransmetteurs en cas de stress, de manque d’oxygène, d’inflammations ou de douleurs. Il n’y a pas de stockage et leur dégradation est rapide.

Lorsque les molécules de CBD végétal dit « phytocannabinoïdes » se lient à ses récepteurs, l’activité de la cellule est modifiée pour une fonction spécifique comme la régulation du rythme cardiaque.

Les récepteurs CB1 & CB2

Les récepteurs CB1 sont situés dans le système nerveux central (SNC), dans la partie du cerveau responsable de la perception de la douleur, de l’appétit, de la mémoire, des émotions, du sommeil, du contrôle de la coordination des mouvements et de la température corporelle. Ces récepteurs se trouvent également dans les terminaisons périphériques du système nerveux (système digestif, foie, pancréas, système cardiovasculaire, etc.).

Ils moduleraient la libération des neurotransmetteurs comme la dopamine, la sérotonine, la noradrénaline, le GABA, les glutamates et les opioïdes³.

Les récepteurs CB2 se trouvent dans le système immunitaire (globules blancs, rate et amygdales) ainsi que dans les tissus musculaires. Ils jouent un rôle clé dans la régulation de l’immunité et dans le contrôle de l’inflammation.

Le rôle physiologique du SEC

Le système endocannabinoïde gère et contrôle :

• La neuromodulation, c’est-à-dire la réponse au stress (via la sécrétion de neurotransmetteurs) ;
• Les fonctions d’apprentissage et de mémoire ;
• La nociception, c’est-à-dire la perception des stimulations qui génèrent la douleur ;
• L’appétit et la lipogenèse (la formation de graisse) ;
• L’ostéogénèse (la formation de l’os) ;
• Le système cardiovasculaire (la vasodilatation et la régulation de la pression artérielle) ;
• Le système digestif (le mouvement des parois et les sécrétions digestives) ;
• La régulation de la réponse inflammatoire au niveau des cellules immunitaires.

Son fonctionnement peut être impacté par de nombreux facteurs environnementaux : mode de vie, niveaux de stress, type d’alimentation.

Le lien entre la nutrition et le SEC

Le jeûne active le SEC, et la prise alimentaire le désactive. Le SEC possède donc un rôle dans :

• L’appétit, la dépense énergétique et l’accumulation de masse grasse ;
• Le goût, la perception des aliments au niveau de la bouche et du nez, ainsi que le sentiment de récompense que procure la nourriture.

Le SEC stimule l’odorat quand on a faim : ce sont les CB1 qui relient le bulbe olfactif (juste au-dessus du nez) au cortex olfactif. Par ce circuit, la faim stimule la prise alimentaire.

Chez les personnes obèses ou les anorexiques, ce circuit dysfonctionne. Chez les personnes obèses par exemple, les taux d’anandamide augmentent après avoir consommé un aliment réconfortant (le plus souvent sucré) alors qu’ils diminuent en présence d’un autre aliment, ce qui suggère bien une perturbation liée à l’alimentation⁴.

Le SEC serait également lié au microbiote. La relation entre dépression et dysbiose intestinale est bien connue : lorsque la flore bactérienne est altérée, l’humeur est affectée. Or, une étude de 2020⁵ montre que ce lien est dépendant de l’activité du SEC.

Le lien entre le SEC et certaines maladies

Les concentrations en endocannabinoïdes sont altérées dans les pathologies ci-dessous :

• Maladies inflammatoires ;
• Maladies immunologiques (maladies auto-immunes et allergiques) ;
• Maladies neurologiques et neuropsychologiques ;
• Ostéoporose ;
• Obésité, syndrome métabolique ;
• Pathologies cardiovasculaires ;

Les phytocannabinoïdes

Du fait de leur fixation sur les récepteurs spécifiques, les phytocannabidoïdes sont théoriquement impliqués dans de multiples régulations fonctionnelles et métaboliques, comme la régulation du rythme cardiaque, l’obésité ou l’ostéoporose.

Il ne faut pas en conclure que la liaison du CBD à un récepteur impliqué dans une fonction ou une maladie du corps humain peut automatiquement conduire à un intérêt thérapeutique.

Les vendeurs de CBD, tant dans les boutiques dans le monde que les nombreux sites internet ne se privent cependant pas de le faire. Qu’en est-il exactement ? J’ai voulu vérifier par moi-même et j’ai découvert que les études cliniques publiées sur le site « pubmed »⁶ étaient finalement peu nombreuses mais bien ciblées.

Dans la lettre suivante, je détaillerai les principaux résultats et intérêts cliniques de la prise de CBD, ceux dont j’ai trouvé confirmation sur le site.

Surveillez bien votre boîte mail.

Docteur Dominique Rueff