La vitamine C et ses alliés pour une « super-santé » – Deuxième partie
Chère amie, cher ami,
Voyons maintenant quelles sont les fonctions essentielles de la vitamine C.
La vitamine C est absolument indispensable à :
– La synthèse du collagène, notre « ciment intercellulaire ». On le retrouve dans les os, les dents, les cartilages, les artères, les tissus de soutien, les tendons, les muscles, la peau, les muqueuses. Si vous manquez de vitamine C, c’est toute cette « charpente » qui est affaiblie. Ne soyez donc pas surpris(e) de voir votre peau se relâcher, des rides apparaître…
– La synthèse des catécholamines [1] et neuromédiateurs cérébraux, qui régulent notre humeur et notre psychisme. C’est la publication dans la revue Science de « Psychiatrie orthomoléculaire » [2], par le double prix Nobel Linus Pauling qui, en 1968, attira l’attention du monde médico-scientifique sur l’importance de la vitamine C pour réguler l’humeur et contribuer à traiter certains troubles psychiatriques.
– La synthèse de la carnitine et l’augmentation de l’absorption du fer : les sportifs et les végétariens manquent souvent de carnitine et de fer, ce qui peut occasionner de grandes faiblesses énergétiques et musculaires.
– L’inhibition de la formation des nitrosamines : ce sont des composés cancérigènes qui peuvent être absorbés directement par l’organisme à partir des nitrates et des nitrites alimentaires (que l’on trouve par exemple dans la charcuterie ou certains légumes).
– L’activité antioxydante et la régulation du stress oxydant [3], impliqué dans bon nombre de pathologies : maladies cardiovasculaires, certains cancers, allergies, inflammations, asthme, cataracte… En agissant sur le stress oxydant, la vitamine C protège indirectement d’autres antioxydants comme la vitamine E.
– L’effet antiallergique et anti-inflammatoire : la vitamine C régule l’excès d’histamine et favorise les effets des autres traitements de l’allergie. Une étude française a montré que 20 % des personnes allergiques avaient un taux plasmatique d’acide ascorbique trop bas [4].
– La modulation immunitaire avec effets anti-infectieux et antiviraux : la vitamine C augmente la mobilité des polynucléaires neutrophiles (cellules tueuses de l’organisme) et leur transformation en lymphocytes, les cellules mémoire de l’immunité.
– L’augmentation du taux des immunoglobulines IgA, IgM (des acteurs de l’immunité cellulaire). La vitamine C peut ainsi exercer un effet curatif ou adjuvant sur l’herpès, les hépatites et bien d’autres infections.
Qui devrait prendre de la vitamine C ?
La réponse est à la fois simple et complexe. Elle dépend tout d’abord des apports quotidiens de référence (AQR). Selon une étude de l’INSERM Val-de-Marne [5], 20 % des adultes consommeraient moins des deux tiers des AQR en vitamine C, avec un risque de carence de 3 à 5 % chez les femmes, et 8 à 12 % chez les hommes. La tranche des plus de 65 ans présente le plus grand risque de carence : 15 % pour les femmes et 25 % pour les hommes.
À la question posée, on pourrait donc répondre : « Presque tout le monde ! ». L’idéal serait de s’interroger, aux grandes étapes de sa vie, sur son besoin personnel en vitamine C, à titre préventif. Et pourquoi pas, le faire évaluer biologiquement.
Pour cela, il faut savoir que le dosage de la vitamine C, comme de tous les antioxydants, est un dosage délicat et complexe qui exige une stratégie pré-analytique soigneuse. En effet, le prélèvement doit être immédiatement congelé à – 80 degrés centigrade et acheminé ainsi jusqu’au laboratoire. Beaucoup de ces analyses sont effectuées au CHU de Grenoble par l’intermédiaire de la société « Bio Equinoxe » (que vous pouvez contacter au 04.76.26.54.48 / 06.08.80.07.14), à qui vous pouvez vous adresser pour savoir où vous faire prélever dans votre région. Certains laboratoires sont en mesure de transmettre aussi un prélèvement, dans les mêmes conditions de congélation, à des plateformes telles que « Synlab/RPlab » (http://synlab.fr) ou « LIMS » (https://lims-mbnext.be).
Comment et sous quelle forme prendre de la vitamine C ?
Il faut d’abord comprendre que cette vitamine hydrosoluble s’élimine rapidement par les reins et l’urine. En 4 heures maximum, une prise ponctuelle est éliminée. Il faut donc essayer de prendre deux, voire trois prises par jour (c’est pareil avec le magnésium) si on veut être « métaboliquement » efficace.
Il y a au moins quatre façons de prendre de la vitamine C :
- Vous pouvez acheter de la poudre d’acide ascorbique en pharmacie. C’est une poudre blanche relativement acide et peu onéreuse. Sachant qu’une cuillère à café rase fait entre 3 et 4 grammes, vous pouvez diluer une ou plusieurs cuillères dans un litre d’eau, soit pure, soit en ajoutant le jus d’un citron et pourquoi pas un peu de magnésium et les plantes dont vous pouvez avoir besoin. Vous vous astreindrez alors à boire votre bouteille tout au long de la journée. Vous pouvez aussi trouver en magasin diététique de la poudre de vitamine C mélangée à d’autres antioxydants, comme les flavonoïdes.
- Vous pouvez sinon prendre deux à trois fois par jour (ou plus si besoin), soit des comprimés de vitamine C à « action prolongée » (AP) dosés à 500 milligrammes [6] ou à 750 milligrammes [7], qui délivrent de la vitamine C et une association de bioflavonoïdes [8], pendant 4 heures environ, soit des comprimés de vitamine C estérifiée, dite Ester C [9], donc moins acide, recommandée pour les estomacs fragiles.
- Vous pouvez enfin vous tourner vers la vitamine C liposomale. C’est une vitamine C qui est encapsulée dans un liposome, une particule entourée de lipides (corps gras) afin de faciliter son absorption par l’organisme. Les liposomes traversent les membranes cellulaires en emportant avec eux la vitamine C, la transportant ainsi au cœur même des cellules. Cette forme de vitamine C est considérée comme ayant une absorption plus importante par l’organisme, ce qui fait dire à certains que la prise d’1 gramme correspondrait à la prise de 3 grammes de vitamine C classique et hydrosoluble.
Rien ne vous empêche de combiner ces différentes formes de vitamine C.
À noter qu’il existe d’autres formes, à éviter absolument, ce sont les comprimés à sucer ou effervescents : ils contiennent certes de la vitamine C, mais aussi des sucres et parfois des excitants qui empêchent de dormir. Or prendre de la vitamine C de qualité le soir ne gêne nullement le sommeil. C’est même le contraire, comme l’attestent des expériences animales au cours desquelles on a observé les électroencéphalogrammes de cobayes.
Zoom sur la vitamine C liposomale
Si vous optez pour la forme liposomale, sachez qu’il en existe plusieurs formes. Selon le laboratoire « Goldman Laboratories », dont je cite un produit ci-dessous, il y a certains points à connaître concernant le procédé liposomal : étant donnée la technologie coûteuse et nécessaire à l’élaboration de cette forme, une vitamine C liposomale ne peut pas être bon marché.
Certains critères sont nécessaires pour attester de sa qualité :
- La taille des liposomes : afin d’assurer la meilleure absorption intestinale et cellulaire, la taille des liposomes doit se situer entre 100 et 300 nanomètres.
- L’encapsulation : la qualité des liposomes dépend de la performance de la machine utilisée, et doit se faire avec des matières premières de qualité (pureté de la lécithine).
- La qualité des liposomes : elle dépendra de la méthode d’encapsulation. Un liposome de qualité sera stable dans le temps, ne craindra pas l’oxygène et résistera à la température du corps.
Voici plusieurs formes liposomales de bonne qualité (liste non exhaustive, car je ne pourrais citer toutes les formes présentes sur les marchés) :
- La vitamine C liposomale des laboratoires COPMED [10] est issue d’un procédé propre appliquant la technique de sonication (fréquences sonores élevées de type ultrasons pour créer l’agitation de la solution et la formation de liposomes).
- La vitamine C liposomale de Cell’innov [11] est fortement dosée et ultra-biodisponible. Selon le fabricant, elle serait 241 % plus puissante que celle que vous trouvez en pharmacie sous forme de comprimés [12].
- Contrairement aux deux précédentes sous forme liquide, la vitamine C liposomale de « Goldman Laboratories » [13] se présente en gélules de 500 et 100 milligrammes.
- La vitamine C d’Alternatif Nutrition associe vitamine C liposomale, vitamines D3 et K2. C’est un produit pratique à l’emploi, avec un bon rapport qualité/prix, sur lequel je reviendrai en détail dans ma prochaine lettre.
Je vous propose maintenant de répondre à toutes les questions que vous pourriez vous poser à propos de vitamine C.
Vitamine naturelle ou de synthèse ?
Juridiquement, en France, on ne peut qualifier un produit de « naturel » que s’il est extrait naturellement et se présente à la consommation sans avoir subi aucune modification permettant son conditionnement et sa conservation. On comprend aisément que beaucoup de produits étiquetés comme « naturels » ne répondent en fait pas à cette définition !
Au plan strictement biochimique, la formule et la structure de la molécule d’acide ascorbique de synthèse ou naturelle sont exactement identiques, et il en est de même de leurs propriétés.
Peut-il y avoir un danger à prendre de la vitamine C ?
Non, si vous respectez les doses préconisées et restez au-dessous de 4 grammes par jour. Au-delà, ce ne peut être qu’une prescription médicale avec des indications spécifiques.
Sachez cependant que la vitamine C augmente l’absorption du fer, ce qui peut être utile chez certains, mais déconseillé chez les personnes qui en ont trop.
Certaines personnes peuvent avoir des troubles digestifs légers et on observe des diarrhées chez d’autres avec de fortes doses.
L’autre danger que l’on évoque souvent est la possible formation de calculs rénaux à base d’oxalate. Mais ce risque n’existe en réalité que pour des supplémentations supérieures à 10 grammes par jour, chez des personnes prédisposées car ayant déjà fait des calculs et, de plus, carencées en magnésium.
Vitamine C, allergies, asthme
Par ses effets « antihistaminiques », la vitamine C est un antiallergique. Selon l’étude précitée, au moins 20 % des sujets allergiques présentaient des taux très bas de vitamine C. Tous les allergiques chroniques devraient donc en prendre. D’autres nutriments comme le zinc, le manganèse ou les huiles végétales dites « oméga-6 » leur seront très favorables.
Vitamine C et aspirine
L’aspirine interfère avec les mécanismes de transport de la vitamine C. Il faudrait donc supplémenter en acide ascorbique toute personne prenant de l’aspirine de façon prolongée. Il est fort possible que nombre d’anti-inflammatoires utilisés en rhumatologie requièrent les mêmes précautions.
De la vitamine C chez tous les fumeurs ?
Plusieurs grandes études épidémiologiques [14] ont montré que le fait de fumer entraînerait une surconsommation de vitamine C. Les fumeurs devraient par conséquent se supplémenter systématiquement.
Vitamine C et pilule contraceptive
Toutes les femmes « sous pilule » devraient prendre de la vitamine C, car la prise prolongée de contraceptif oral agit de façon antagoniste sur le métabolisme de la vitamine C et d’autres nutriments essentiels, comme la vitamine B6. Il est d’ailleurs fort possible que cet effet participe au risque athérogène (à l’origine de maladies cardiovasculaires) de la pilule, qui est d’ailleurs très augmenté en cas de tabagisme.
Vitamine C et pollution
Des chercheurs ont montré que l’apport en vitamine C permettait d’atténuer la bronchoconstriction induite par différents polluants atmosphériques, tels que le dioxyde d’azote et l’ozone [15].
Vitamine C, sport et stress oxydant
Tous les sports génèrent au moment de l’effort de grandes quantités de radicaux libres, qui vont être à l’origine d’agressions tissulaires comme les tendinites à répétition. La vitamine C fait partie de la première ligne de « défense antioxydante » pour lutter contre ce phénomène, mais il ne faut surtout pas oublier les autres antioxydants comme le sélénium, la vitamine E, les caroténoïdes, les polyphénols et le glutathion.
Dans la prochaine lettre, je reviens sur les effets de « la vitamine C et ses alliés » dans le maintien et l’optimisation de l’immunité, en particulier pour contribuer à la lutte contre les infections virales.
À bientôt,
Dominique Rueff
« la vitamine C augmente la mobilité des polynucléaires neutrophiles (cellules tueuses de l’organisme) et leur transformation en lymphocytes, les cellules mémoire de l’immunité ».
???
Neutrophiles et lymphocytes ne sont pas de la même famille…Immunité innée pour les premiers, adaptative pour les seconds. J’imagine qu’il s’agit d’une erreur d’inattention.
Malgré tout, un grand merci pour vos articles, toujours très intéressants.