Connaissez-vous la médecine populaire du Vermont ?
Chère amie, cher ami,
« Il y a quelques années, une de mes malades, femme d’un certain âge, me fit cadeau d’un livre édité en 1824. Elle n’était pas mariée et comme me déclara-t-elle « je suis la dernière de la famille, autant que ce soit vous qui ayez cet ouvrage ». Le livre s’intitulait Le botaniste et le médecin des familles. Il s’agissait d’une œuvre concernant les vertus thérapeutiques des éléments minéraux, animaux et végétaux que l’on trouve dans la nature. »
C’est ainsi que le docteur DeForest Clinton Jarvis, plus communément appelé docteur Jarvis concluait le premier tome de son best-seller[1] Ces vieux remèdes qui guérissent qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires dans le monde.
Les vaches chimistes de Jarvis
Le tome suivant Arthritisme et vieux remèdes[2] n’eut pas moins de succès. Au début de ce livre, Jarvis propose une définition de la « médecine populaire » dont j’aimerais vous entretenir. Je cite :
« Dans cette sorte de médecine (celle de la chimie et de la physiologie), l’accent est placé sur la maladie elle-même plutôt que sur le malade et le milieu dans lequel il vit. La médecine populaire, au contraire, est le résultat du contact avec la nature. »
Je possède les deux ouvrages de Jarvis et je viens de les relire attentivement.
Le docteur Jarvis est né le 15 mars 1881, dans le Missouri. Diplômé de l’Université de Vermont, il exerça comme médecin de campagne dans cette région montagneuse reculée du Nord-Est des Etats Unis, où il mourut en 1966.
Ce médecin au solide bon sens observait la nature et en tirait ses propres conclusions pour soigner ses malades. Il observa de très près le régime alimentaire des robustes habitants de cette région, leur flore et leur faune. Sachez que l’environnement y ressemble un peu à notre Normandie.
Jarvis étudiait le comportement naturel des vaches en pâture et constatait qu’elles agissaient comme de véritables « chimistes » :
- Elles choisissaient de paître en certains endroits en évitant soigneusement certains autres ;
- Elles mangeaient la végétation jeune, les bourgeons, les fleurs, les petites feuilles et l’herbe courte ;
- Elles ne mangeaient pas l’herbe poussée là où était tombée la bouse.
Jarvis installa un laboratoire d’observation dans une étable afin d’établir des corrélations entre l’alimentation de ces ruminants, leur santé et leur production laitière. Dans son livre, il raconte l’histoire d’une petite vache surnommée « Paralysée ». A chaque vêlage, elle avait une attaque de « fièvre de lait » et de paralysie. Le vétérinaire la sauvait en lui injectant du gluconate de calcium. Jarvis avait remarqué que les vaches laitières aimaient les pommes en état avancé de fermentation. Il compléta alors leur ration.
Il refit cette expérience en ajoutant une ration de vinaigre de cidre à l’alimentation de ces vaches souffrant d’infections chroniques des mamelles (mammite), qui n’avaient pas été guéries avec des sulfamides, ces substances soufrées qui permettent de lutter contre les infections.
Il remarqua que « dès que la vache avait flairé sa nourriture à plusieurs reprises, elle la mangea et lécha sa mangeoire pendant une demi-heure, cherchant manifestement à récupérer le plus possible de vinaigre ». Le vétérinaire constata qu’au bout de trois semaines son lait était exempt de streptocoques et lorsqu’elle mit bas elle produisit près de 25 litres de lait par jour.
Il renouvela de multiples fois ces expériences et avec des taureaux qualifiés de « vicieux » il constata que le fait d’ajouter du vinaigre de cidre à leur ration les rendait plus dociles.
Les bienfaits du vinaigre de cidre, reparlons-en !
Je n’ai pas l’intention de vous reparler des vertus multiples du vinaigre de cidre ni des pommes (issues de l’agriculture biologique !) dont je vous ai entretenus dans une précédente lettre[3]. Je n’ai pas plus l’intention de vous proposer des cocktails miracles. Comme le précise d’ailleurs Jean-Marc Dupuis dans une lettre de décembre 2013[4] « rien ne marche mieux en santé naturelle que de présenter comme merveilleux/miraculeux/fantastique un produit banal, et de raconter qu’il soigne tout, des cors aux pieds à la mauvaise haleine en passant par le cancer, le surpoids et les performances sexuelles (très importants, ces deux derniers points). »
Il n’empêche que nous sommes d’accord pour constater que ce vinaigre de cidre (à condition de le choisir « bio » et non pasteurisé) apporte beaucoup de potassium à l’organisme et a de nombreuses propriétés :
- L’acidité du vinaigre ralentit la vidange de l’estomac, ce qui transforme n’importe quel repas à index glycémique (IG) élevé en repas à IG bas en diminuant la sécrétion d’insuline, produite par le pancréas pendant la digestion. Attention si vous souhaitez préserver au maximum l’émail de vos dents, buvez le bien dilué et éventuellement avec une paille ;
- Il bloquerait l’activité des amylases dans le petit intestin. Ces amylases sont les enzymes qui découpent l’amidon et en font du glucose. Cela renforce encore la possibilité de diminuer le pic de glycémie et d’insuline après le repas, de diminuer les risques de diabète de type II et son cortège de possibles conséquences cardio-vasculaires.
- Contrairement aux autres vinaigres et même s’il est acide, il renforce l’alcalinisation du corps pendant la digestion ;
- Il a un effet coupe-faim qui diminue la quantité d’aliments ingérés au cours du repas.
Qui financera de telles recherches ?
Cuisiner avec du vinaigre de cidre serait donc recommandé pour toute personne ayant une tendance au diabète et au surpoids.
L’acide acétique, la pectine de pomme et le potassium permettraient également de réguler la tension artérielle. Le vinaigre de cidre aurait (comme certains médicaments et…. le thé vert) la faculté de réduire l’activité de la rénine, une enzyme qui contracte les vaisseaux sanguins et augmente la tension artérielle. Le risque que les artères se rigidifient (artériosclérose) diminue ainsi que celui d’avoir un accident cardiovasculaire.
Ces constatations faites sur des animaux mériteraient des expérimentations à grande échelle (et en double aveugle) sur les humains. Mais qui les financera… ?
Beaucoup d’entre vous le savent, ce vinaigre a bien d’autres propriétés.
Il est désinfectant vis-à-vis de certaines bactéries comme les pseudomonas, proteus et staphylocoques, donc excellent pour les infections cutanées. J’ai moi-même constaté ces propriétés sur les mycoses des ongles des pieds (ongles jaunes). A condition de renouveler régulièrement les applications matin et soir vous aurez des résultats au moins aussi bons que celui que l’on obtient avec des médicaments spécifiques et onéreux.
Le cocktail Jarvis
Voici la fameuse recette du cocktail de Jarvis : dans un verre d’eau tiède, froide ou chaude, mélangez 2 cuillères à café de vinaigre de cidre, 1 à 2 cuillères de miel et 1 ou 2 gouttes de solution de lugol[5] dosée à 5%[6]. Buvez ce mélange régulièrement au moins une fois par jour ou mieux avant chaque repas.
Mais le Dr Jarvis ne se limite pas, loin de là, au vinaigre de cidre.
Il avait remarqué que les animaux en bonne santé mangeaient préférentiellement des plantes sur lesquelles on retrouvait beaucoup de pollens.
Il avait aussi remarqué que les abeilles choisissaient soigneusement les plantes qu’elles allaient butiner. Le miel (récolté bien entendu en dehors des zones de pollution) agirait comme une sorte de « sucre prédigéré » qui, comme le pollen, renforce le tonus de l’organisme. Il contient de nombreux métaux comme le fer, le cuivre, le manganèse, le silicium et le magnésium. Ses propriétés locales antiseptiques, antibactériennes et cicatrisantes, ne font, aujourd’hui, plus de doute et il est devenu préconisé, dans cette indication, par certains médecins hospitaliers[7].
Un mélange de miel et de curcuma agirait quant à lui comme un puissant antibiotique et, du fait de ses propriétés antiinflammatoires et antioxydantes, calmerait les poussées d’arthrite et même de goutte[8]. Consommer quotidiennement une cuillère d’un mélange de 4 cuillères à café de miel et d’1 de curcuma en cas de rhume, de problèmes digestifs et de douleurs articulaires, ne pourra faire que du bien !
Jarvis avait-il également remarqué que les animaux et les habitants de sa région pouvaient aussi manquer d’iode. Cette substance n’est pas seulement nécessaire au bon fonctionnement de la thyroïde mais à celui de tout l’organisme. Le déficit chronique en iode, malgré la consommation de sel iodé, touche de nombreux habitants de la planète comme je vous l’expliquais dans ma lettre : « Crétin des Alpes[9] ».
J’ai constaté, en faisant réaliser des dosages d’iode sur les urines de 24 heures (iodurie) que beaucoup de personnes, y compris dans le sud de la France, avaient des statuts très « limites » en iode.
Jarvis parle des propriétés tonifiantes des algues de type varech contenant beaucoup d’iode. Je préfère pour ma part proposer une supplémentation naturelle de ce type et conseille souvent la prise 3 à 5 fois par semaine d’une gélule de « KELP VARECH »[10] et, si possible de vérifier la iodurie quelques mois plus tard. Cette gélule apporte 150 micro-grammes d’iode et 23 autres éléments minéraux et vitaminiques.
Pourquoi nous sommes carencé
Que penser du « cocktail de Jarvis » ? Selon ce médecin, il acidifie le terrain et de ce fait diminue le risque d’infections. Franchement… je n’en sais rien. Et comme je vous l’ai dit plus haut je n’ai pas l’habitude de vous présenter des cocktails magiques et encore moins de vous expliquer pourquoi ils fonctionneraient !
Ce sont les résultats qui comptent, vos résultats et vous ne prendrez aucun risque à essayer ce cocktail, en plus de vos traitements classiques et spécifiques.
Personnellement je pense que de multiples raisons peuvent nous conduire à une déficience d’apports nutritionnels (en particuliers de certaines vitamines et minéraux) du fait :
- D’une vie moderne stressante, agitée, tourbillonnante ;
- D’une alimentation faite de trop de produits raffinés (et donc manquant de nutriments) ;
- D’une alimentation trop transformée qui apporte des éléments totalement étrangers à la nature, comme, par exemples les acides gras-trans, c’est-à-dire des graisses chauffées et hydrogénées[11];
- D’une course effrénée, non régulée par les autorités, vers une alimentation qui, sous prétexte d’être à la portée de tous, propose des sous-produits, on fait croire au consommateur que l’on peut consommer sans difficulté du tarama et même du caviar à bas prix ! [12];
- D’une alimentation trop monotone, et cela par paresse, gourmandise, ou ignorance des bases élémentaires de la nutrition ; la nutrition devrait être enseignée dans toutes les écoles élémentaires ! ;
- D’un système digestif qui se dégrade avec l’âge, des dents (flore buccale) à l’estomac en finissant par provoquer des troubles chroniques du microbiote (flore intestinale) et des altérations de nos muqueuses digestives.
Soyez un « Jarvis des temps modernes »
Le Dr Jarvis écrit[13] : « La médecine populaire du Vermont s’intéresse moins à soigner la maladie quand elle est en pleine évolution que lors de ses premières manifestations (…). Les changements au milieu dans lequel nous évoluons sont si fréquents que nous n’y prêtons d’ordinaire guère attention ».
Beaucoup d’années se sont écoulées depuis les propositions de ce simple médecin de campagne pour améliorer la santé de ses patients, ainsi que celle de tous les animaux avec lesquels ils vivent.
J’aimerais vous proposer d’agir pour vous-mêmes comme un « Jarvis des temps modernes ».
- Observer la nature (parfois ce qu’il en reste malheureusement,) s’observer soi-même et comprendre qu’on forme un ensemble indissociable avec cette nature.
- Respecter les rythmes et saisons. Jarvis conseillait de ne consommer que des légumes poussants, là même où vous habitez. Fuyez les étals de produits ayant fait presque le tour du monde en polluant les airs et les océans pour parvenir jusqu’à vous !
- Contempler le travail de la nature et lutter contre sa pollution incessante. Considérer son corps comme en étant un reflet.
- Observer le comportement de ses animaux de compagnie mais également celui des abeilles et des verres de terre. Il sont riches d’enseignements.
Je ne dis pas qu’il faille être « sectarisé » par la nature et ses bienfaits. La médecine actuelle, qu’on la nomme scientifique, moderne ou « fondée sur les preuves » a fait considérablement évoluer nos conditions de vie et diminuer la gravité de certaines maladies. Les antibiotiques, les antimitotiques (chimiothérapies) les anti-hormones (contre certains cancers) les antipsychotiques en psychiatrie en sont la preuve…
Mais ces succès ne doivent pas nous faire croire qu’il n’y aurait pas de prix à payer. Quels que soient les progrès de la science nous devrons, sous peine de détruire la cohésion sociale, apprendre à les canaliser et à les adapter à nos rythmes et à nos facultés.
Je m’oppose ici au monde froid du silicium et du numérique, du transgénique et du pouvoir démiurgique prophétisé par un Ray Kurzweil[14], l’ingénieur en chef de Google et pape autoproclamé du « transhumanisme ».
Nous devons bien au contraire, en l’observant chaque jour, conserver une « sauvegarde » de la nature, de ses mécanismes de régulation et de guérison. Car ses possibilités restent bien plus grandes qu’on ne croit. C’était le message de cet homme simple et médecin humaniste qu’était Clinton Jarvis. J’aimerais que ce soit, aujourd’hui, le mien.
Docteur Dominique Rueff
Cher Docteur RUEFF,
Je viens de vous lire attentivement, comme d’habitude, et j’ai beaucoup apprécié votre lettre. Cependant, je suis surprise de constater au moins 3 fautes d’orthographe ou de français, comme « verre de terre » par exemple.
J’hésite à transférer cette lettre par crainte de décrédibilisation, si ce terme existe !
Pardonnez ma franchise, qui n’a pour but qu’une amélioration et une plus grande diffusion !
Je suis toujours contente de lire les lettres de Dr. Rueff, qui sont tellement remplies de bon sens et de sagesse, sans rentrer dans la polémique de camps pour ou contre la médecine ‘moderne’.
Merci pour vos précieux conseils.