Les oméga-3 seraient-ils une nouvelle arme anticancer ?
Chers amis,
Pour changer un peu, voici une bonne nouvelle !
Les oméga-3 auraient un impact positif sur les cellules cancéreuses.
En effet, une étude de chercheurs belges publiée en 2018[1] dans la revue Cell Metabolism conclut que l’acide docosahexaénoïque oméga-3, ou DHA, induit la mort des cellules cancéreuses du sein triple-négatives par pyroptose (une forme de mort cellulaire programmée par l’attaque de certains agents infectieux sur les cellules du système immunitaire).
Le DHA[2] est un acide gras polyinsaturé présent en forte concentration dans le poisson, en particulier les petits poissons des mers froides : anchois, sardines et maquereaux.
Cette découverte étonnante est le fruit d’une équipe de chercheurs de l’Université catholique de Louvain, qui a observé qu’in vitro (culture de cellules tumorales en 3D), des tumeurs cancéreuses disparaissent en quelques jours sous l’action de ce DHA oméga-3. Ils ont ensuite confirmé ce processus in vivo, chez des souris ayant des tumeurs et nourries avec un régime enrichi en DHA : leur développement tumoral s’en est trouvé ralenti.
Quel est le processus ? L’excès de DHA absorbé spontanément par les cellules cancéreuses s’oxyde et cette oxydation entraîne la mort des cellules. Il s’agit d’un phénomène de mort cellulaire liée à la peroxydation de certains acides gras, appelé pyroptose.
Il faut savoir que certains acides gras stimulent la croissance des tumeurs cancéreuses, alors que d’autres les inhibent. C’est bien le cas de l’oméga-3 DHA, dont l’équipe belge a décrypté tout le mécanisme biochimique qui permet à cet acide gras de freiner la croissance tumorale. C’est une avancée majeure dans la prévention des cancers par l’alimentation. Une autre équipe d’oncologues[3] avait déjà montré que les cellules tumorales remplacent le glucose par les lipides pour se multiplier[4]. Ces cellules quittent ensuite la tumeur d’origine pour métastaser.
Ce constat confirme donc le grand intérêt de l’oméga-3 DHA dans la prévention et probablement le traitement des cancers. Déjà documenté pour son importance dans le fonctionnement cérébral et la régulation de l’inflammation, ce bon acide gras bénéficie désormais d’un atout supplémentaire.
Les auteurs de l’étude rappellent les apports recommandés de DHA chez l’adulte : 250 mg par jour, alors que nos régimes occidentaux ne nous apportent en moyenne que 50 à 100 mg par jour.
Pour vérifier votre statut en oméga-3, je vous invite à réaliser ce que l’on appelle « un bilan des acides gras érythrocytaires », c’est-à-dire des différents acides gras composant la paroi du globule rouge. L’avantage de ce bilan est qu’il est indépendant de la composition des derniers repas, puisqu’il fournit une moyenne du stock des acides gras présents dans la cellule sur une période de deux mois. En principe, tous les laboratoires de ville sont en mesure de transmettre ce type de bilan à un laboratoire spécialisé comme « Synlab », « Biopredix » ou le Laboratoire Barbier. Ce dernier propose sur son site de commander un kit, que vous pourrez amener à votre laboratoire de proximité ou à une infirmière pour le prélèvement. Les résultats sont présentés sur un graphique qui permet de se situer sur une moyenne.
Votre médecin traitant saura vous aider à décrypter les résultats, mais je précise que le principal indicateur d’un bon statut en acides gras est le rapport oméga-6/oméga-3, qui doit se situer idéalement entre 1 et 4[5]. Le mien était à 2,36. L’alimentation occidentale apporte une quantité beaucoup trop importante d’oméga-6 pro-inflammatoires, par rapport aux oméga-3, et ce rapport peut grimper très largement au-dessus de 10. Ce phénomène est corrélé à différents risques, dont les maladies cardiovasculaires, probablement une certaine propension à la dépression et, selon la publication des chercheurs belges, le cancer et son évolution.
À bientôt,
Docteur Dominique Rueff
[1] Pizato N, et al. « Omega-3 docosahexaenoic acid induces pyroptosis cell death in triple-negative breast cancer cells. » Sci Rep. 2018 Jan 31;8(1):1952. doi: 10.1038/s41598-018-20422-0.
[2] Pour en savoir plus au sujet des oméga-3, je vous invite à relire mes trois lettres sur « La saga des oméga » : https://www.lettre-docteur-rueff.fr/la-saga-des-omega-premiere-partie/ https://www.lettre-docteur-rueff.fr/la-saga-des-omega-deuxieme-partie/ https://www.lettre-docteur-rueff.fr/la-saga-des-omega/
[3] Dierge E, Larondelle Y, Feron O. « Cancer diets for cancer patients: Lessons from mouse studies and new insights from the study of fatty acid metabolism in tumors. » Biochimie. 2020 Nov;178:56-68. doi: 10.1016/j.biochi.2020.08.020.
[4] Ces études conduisent d’ailleurs à concevoir un régime « anti-cancer » appauvri en apports glucidiques.
[5] Voir note 4.
Pourriez-vous nous donner plus de précisions sur le rapport oméga 3 /oméga 6, qui semble important dans l’alimentation ?
et comment l’obtenir ?
Merci pour votre réponse
Les données suivantes sont extraites de lettre du Dr Rueff (qui ne répondra pas)
Rapport oméga-6/oméga-3 Dans l’alimentation de diverses populations
Valeurs conseillées 1 à 5
Valeurs occidentales moyennes, aujourd’hui 50 à 15
Dans les régimes crétois 5
Au Japon 3
Chez les Esquimaux 3
Dans le régime paléolithique 1
Il est donc aussi important de réduire sa consommation d’oméga-6 que d’augmenter sa consommation en
oméga-3, tout en assurant un apport optimal en vitamines B3, B6, C et E, ainsi qu’en magnésium et en zinc.
Pour ce qui est oméga-3 et cancer, il n’y a pas que cela, si je prends mon cas : bon rapport oméga-3/oméga-6, végétarienne depuis plus de 30 ans (donc ni viande, ni charcuterie), fibres, très peu de sucre, pas de tabac, un verre de temps et temps, sportive et cancer du rectum !!!
Si je réponds… et j’ai publié trois lettres sur les Omega 3 que vous pouvez facilement trouver sur le site « la lettre du docteur rueff » en tapant dans la barre de recherche « omega 3 » vous aurez alors tous les détails